A rebours des influenceurs food dont la curiosité s'arrête souvent aux portes du centre-ville, quatre amis dévoilent le palmarès des meilleurs kebabs de (tout) Marseille. A l'origine du concours, la volonté de mettre en lumière la diversité des traditions culinaires.
Pas un jour sans que notre algorithme Instagram nous propose de découvrir LA nouvelle adresse branchée où déguster la crème de la crème à Marseille. Cantines cool, sandwicheries, caves à manger et autres "néobistros" fleurissent aux quatre coins du centre-ville, et les influenceurs food de s'y presser. Avec trois amis, Clara Martot Bacry, journaliste, a décidé de prendre le contre-pied et de lancer il y a un an une "Kebab Cup", compétition du meilleur kebab de (toute) la cité phocéenne.
Un gagnant "sans aucun débat"
Le palmarès a été dévoilé ce dimanche 26 janvier sur Instagram. Et contrairement à ce que la "hype" pouvait laisser penser, les kebabs a priori favoris ne sont pas en haut du classement, de glisser Clara Martot Bacry.
Le lauréat est Master K (5ᵉ arrondissement), devant Frisch (2ᵉ), et en troisième position ex æquo : Durum (1ᵉʳ) et Palandoken (1ᵉʳ).
Le choix est sans appel pour la première place. "Notre jury a décidé sans aucun débat d'attribuer la première place du palmarès à cette artisanale du boulevard Jeanne d'Arc, sur sa formule classique", peut-on lire sur Instagram.
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Les quatre suivants primés se tiennent, eux, "dans un mouchoir de poche", souligne Clara Martot Bacry.
Aucun quartier favorisé
Au-delà du classement, les quatre "contre-critiques" ont mis un point d'honneur à n'exclure aucune zone de la ville, ainsi qu'à se baser sur les recommandations des Marseillais. "J'avais vraiment envie que cela soit représentatif, faire voter les gens", explique Clara Martot Bacry. "J'ai ouvert un tableau Excel et j'ai dit à mes abonnés : 'mettez vos kebabs préférés".
Tout est donc parti de ce recensement des meilleurs kebabs de la ville. Résultats : 150 adresses, mais en majorité situés dans le centre de Marseille. "On a ainsi décidé de faire des quotas par quartier, pour ne pas avoir un championnat du centre-ville."
Le groupe d'amis en sélectionne finalement treize, celles qui reviennent le plus tout en respectant les quotas (et la symbolique du chiffre). S'ensuit une année de dégustation incognito, aussi rigoureuse qu'impartiale. Dans la note finale, la qualité des ingrédients est prise en compte, l'accueil, mais aussi le rapport qualité/prix. "Des critères qui nous paraissent justes".
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"La Kebab Cup, c'est bien plus qu'un palmarès. Grâce à vos recommandations, on s'est promenés dans les quartiers nord, les quartiers sud et même jusqu'à Aix et Marignane pour vous proposer un championnat représentatif de chez nous", notent les organisateurs.
Un guide "alternatif" des restaurants de Marseille
Cette compétition du meilleur kebab s'inscrit dans un projet plus large, entamé par Clara Martot Bacry en mai 2023. La journaliste décide à l'époque de créer un compte Instagram, "Marseille Mondial", pour embrasser plus largement la gastronomie que l'on retrouve à Marseille, au-delà d'Endoume et du Camas, et pour toutes les bourses.
Je ne voulais pas promouvoir un houmous à 15 euros alors que tu as encore faim derrière.
Clara Martot Bacry, journaliste derrière le compte Instagram @marseillemondialFrance 3 Provence-Alpes
"Je ne me retrouvais pas dans les comptes food marseillais, je ne suis pas au courant quand un restau ouvre, explique-t-elle. Quand j'ai créé ce compte, il y avait une hype et une mode autour de la nourriture à Marseille, mais à mon sens, avec des prix pas justifiés et pas en accord avec le pouvoir d’achat moyen des Marseillais. Il y avait donc un créneau qui n'était pas exploité".
Elle crée alors un "guide alternatif", comme elle le décrit, pour répertorier "les bonnes adresses, pas chères et représentatives de la diversité culturelle, avec un accent sur la Méditerranée".
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Le compte met en avant une adresse par semaine. "Pas d'arnaque et pas de gentrification", peut-on lire sur le site Tipeee de Marseille Mondial. "Le but, c'est que cela reste bénévole", insiste Clara. "Je ne souhaite pas me faire inviter par des restaurants".
Après le Kebab, la meilleure pizza ? Ce n'est pas dans les projets de la journaliste. "La Pizza Cup, ça serait la guerre civile (rire). J'ai l'impression qu'il faut un doctorat pour savoir si la pâte est assez levée."
Pas de nouvelles compétitions à l'horizon, donc, mais toujours de nouvelles adresses partagées, de Saint-Antoine au boulevard National.