Politique, religion, guerre au Proche-Orient.... Comment éviter que le repas de Noël tourne au vinaigre avec l'actualité brûlante et les sujets clivants de l'année écoulée ? La psychologue marseillaise Anaïs Papazian dédramatise et donne quelques conseils pour que la fête soit belle malgré tout.
Faut-il encore passer Noël en famille ? La question est aussi absurde que provocatrice mais certains, au détour d'un commentaire sur les réseaux sociaux, se la posent ouvertement. C'est le cas de Valérie, 56 ans, qui appréhende la boule au ventre le repas des fêtes de fin d'année. Cette Marseillaise du quartier de Vauban redoute que, cette année, le ton monte vraiment. Actualité nationale et internationale brûlante oblige.
"Dans ma famille, des gens sont très impliqués en politique et là, avec le gouvernement qui a démissionné, les élections en France, l'élection de Trump, j'ai un peu peur que ça prenne toute la place, s'inquiète-t-elle. Moi, je ne veux pas m'en mêler, je suis plutôt réservée. Mais je subis, un peu comme pendant le Covid avec les pros ou anti-vaccins... Je ne vais pas faire l'autiste et priver mes enfants de la fête, mais ce n'est pas un super moment."
Même son de cloche chez Céline, martégale de 38 ans, qui en a marre que sa belle-soeur la culpabilise de donner une douche tous les jours à sa fille ("tu te rends compte toute l'eau gaspillée, deux fois par semaine, c'est suffisant...") ou parce que, cette année encore, elle n'a pas offert des jouets seconde main à ses neveux...
L'actualité multiplie les occasions de s'écharper en famille, mais faut-il pour autant renoncer à ce moment de rassemblement ?
"Si l'envie n'y est pas du tout, pourquoi ne pas assumer de faire Noël autrement," ,
Anaïs Papazian, psychologue clinicienne.à France 3 Provence Alpes
Mais avant de baisser les bras, "il faut se rappeler pourquoi on se réunit, poursuit la psychologue marseillaise. Noël, c'est un mélange d'une grande excitation avec les cadeaux, le bon repas et en même temps, ça nous renvoie à un contexte familial, dont, adulte, on a essayé de se défaire."
Et toi, tu as pris quelle mutuelle ?
Comment éviter que le repas tourne au vinaigre ? "Évidemment, il ne faut pas relancer sur les sujets qui fâchent, ne pas répondre, car de toute façon, les avis sont déjà tranchés.
"Quand on redoute l'oncle raciste ou la tante écolo, il faut se rappeler que ce sont des personnes que l'on peut apprécier. Il faut convoquer les heureux souvenirs d'enfance avec ces personnes, les cabanes dans les arbres ou les histoires racontées au coin du feu. Il faut engager la conversation sur ces thèmes-là, très personnels. C'est l'objectif de cette fête."
Des petits jeux pour briser la glace
Le but est, aussi, de ne pas tomber dans l'excès inverse, quand par peur de casser l'ambiance, on enchaîne très consensuellement les banalités sur la météo, les embouteillages ou... l'administratif (Et toi, tu as pris quelle mutuelle ?").
"Ce sont des conversations fonctionnelles qui viennent du fait que les gens sont mal à l'aise, c'est une façon d'éviter des échanges plus personnels, poursuit Anaïs Papazian. On peut aussi anticiper les choses et se poser la question de comment rendre son Noël plus sympa. Pourquoi ne pas faire un jeu à table... Si tu étais une saison, tu serais laquelle ?"
Des petits jeux tout simples, qui, à condition de les encadrer de règles bienveillantes, peuvent détendre l'atmosphère, briser la glace et libérer la parole plus facilement.
Pas de recette miracle donc, mais pas de raison non plus se sacrifier ce temps de rassemblement qu'est Noël, cet instant unique où l'on partage de bonnes choses avec les siens, même si, forcément, on ne les a pas choisis.