Alors que la liste LR de Martine Vassal fait l'objet d'une enquête préliminaire pour d'éventuelles fraudes aux procurations, une conférence de presse se tenait dans un de ses locaux de campagne. La candidate était absente. Quatre colistiers ont pris sa défense en attaquant l'opposition.
Ce lundi après-midi, les journalistes étaient nombreux dans la petite permanence LR du deuxième arrondissement de Marseille.
Dans une chaleur quasi étouffante, ils attendaient la première prise de parole officielle de Martine Vassal en conférence de presse, depuis l'affaire des procurations. La liste de la candidate fait l'objet d'une enquête préliminaire du parquet de Marseille, pour d'éventuelles fraudes aux procurations.
11h30, alors que la conférence démarre devant une rangée de caméras, une grande absente se fait ressentir : Martine Vassal. Motif de son absence : "Elle a autre chose à faire en ce moment", assurent les représentants présents.
S'installent devant les micros quatre co-lisiters de divers secteurs, tous issus de la société civile.
Stéphane Soto, ancien chef d'entreprise, Frédéric Collart, chirurgien cardiaque à la Timone, David Galtier, ancien Général d'armée et José Allegrini, avocat notaire et ancien bâtonnier de Marseille, font alors office de porte-parole de la liste LR.
A tour de rôle, ils défendent l'intégrité de leur candidate. D'abord, les conférenciers mettent en avant leurs origines "apolitiques" pour prouver leur impartialité. "On n'est pas des hommes politiques, on est des gens de la société civile", martèle Frédéric Collart, médecin-candidat. "Quand on est attaqués comme ça, on a juste envie de retourner à notre boulot et dire 'débrouillez-vous entre vous'".
Les colistiers annoncent être là avec des "révélations importantes à faire". Ils suggèrent notamment à la justice d'élargir son enquête à d'autres secteurs et d'autres candidats :
Dénoncer l'opposition comme ligne de défense
Tout au long de la prise de parole qui s'en suit, la position est claire : les colistiers se défendent en attaquant.
Ils invitent la justice à orienter leurs enquêtes vers leurs adversaires, notamment dans les secteurs où la liste LR a perdu au premier tour.
"Dans un secteur où il y 25% de procurations et où Madame Rubirola est largement en tête... je n'en tire aucune conclusion", avance Stéphane Soto.
"Les résultats communiqués sont troublants" renchérit José Allegrini. "Dans le secteur du 4-5, où monsieur Agresti a perdu a quelques voix près [...] nous suggérons vivement au parquet d'orienter les investigations sur tout le territoire".
Pour de telles accusations, les colistiers s'appuient sur le registre des procurations de la ville de Marseille, et s'insurgent entre autre contre le "taux abyssal" de procurations dans les 1er et 7ème arrondissements, où 1371 procurations ont été enregistrées, sur les 6 998 que comptabilise au total la ville de Marseille.
"Dans ce secteur qui est le moins peuplé de Marseille, il y a presque 20% des procurations du territoire municipal. C'est un constat", relève José Allegrini. "Nous sommes en droit de nous interroger".
Une plainte et un recours en annulation
Après avoir détaillé bureau de vote par bureau de vote les résultats qui leur semblent "troublants", les colistiers LR assurent qu'un recours en annulation va être déposé concernant les résultats des 4ème et 5ème arrondissements, où leur tête de liste Jean-¨Philippe Agresti a perdu à 63 voix près.
Les amis de Martine Vassal l'assurent, ils comptent saisir le procureur d'une plainte afin de dénoncer ces "manœvres" de l'opposition.
Les colistiers pointent également du doigt les procurations de certaines résidences marseillaises, douteuses selon eux. "Quand on voit la résidence des Chutes Lavies, qui dans la même journée délivre 24 procurations dans le même commissariat, ça m'intérroge", soutient Stéphane Soto.
"Le 20 février, 24 mandants se sont rendus ensemble au commissariat du 4ème arrondissement. Ils habitent tous la même résidence. Je pense qu'ils sont venus ensemble en autobus", ironise l'ancien bâttonier José Allegrini.
Ce dernier n'hésite pas non plus à suggérer aux journalistes d'aller enquêter sur l'Ephad de Notre dame de la Compassion, dans le 12ème arrondissement, pour y trouver des anormalités.
Toujours en position offensive, José Allegrini se laisse aller à quelques attaques plus personnelles : "Jusqu'au 20 mars, Madame Rubirola a été indemnisée pour être en arrêt maladie à raison d'une intervention qu'elle a subit à la clinique Juge. Elle a quand même perçu des indemnités journalières à cette situation, et en même temps elle faisait campagne," rappelle-t-il avant de qualifier cette situation de "fraude".
En fin de conférence, cette ultime dénonciation lève quelques agacements dans l'assemblée. "C'est déplacé", peut-on entendre. "On a été invités pour parler des procurations", rappellent certains journalistes.
"Si Madame Vassal a la preuve que quelqu'un a failli dans son équipe, elle prendra les mesures qui s'imposent", conclue Fréderic Collart.
L'après-midi, la candidate était en déplacement officiel au centre Aidadomi, une entreprise d'aide à la personne dans le 2ème arrondissement.