Pas un jour sans qu'on apprenne en France une nouvelle fermeture de lieu à cause d'une infestation de punaises de lit. Face à cette situation, les consommateurs rechignent-ils à acheter d'occasion ? Pas vraiment. Reportage à Emmaüs Pointe Rouge et à la ressourcerie Impulse Toit, à Marseille.
Les punaises de lit sont au cœur de l'attention ces dernières semaines, depuis que des nuisibles aient été vus dans un TGV Marseille-Paris. Depuis, des établissements scolaires et universitaires ont été évacués et la psychose se répand à vitesse grand V. De quoi se questionner sur l'état de santé de la seconde main.
Les punaises de lit, les clients y pensent, mais ce n’est clairement pas leur priorité. Cette infirmière se sent en confiance ici, même si elle lave systématiquement les habits qu’elle achète. "Quand on a des enfants en bas âge, même si on travaille, quelque part, on n’a pas le choix de venir à Emmaüs. On se dit simplement qu’on va agir sur l’hygiène", déclare Alexandra Wnek, une cliente d’Emmaüs Pointe Rouge.
La literie bannie par précaution
"Le seul traitement que nous faisons nous, c’est plutôt par rapport à des duvets, des couvertures, des rideaux éventuellement. On est équipé avec des machines assez importantes, ne serait-ce que pour des questions d’hygiène. Mais on ne peut pas laver tous les textiles, ça ce n’est pas possible, charge aux clients de le faire" souligne Kamel Fassatoui, responsable d'Emmaüs Pointe Rouge. Pour les meubles, et plus particulièrement pour les canapés et la literie, c’est plus compliqué. L'association a donc opté pour la prudence. "Vu le contexte, les matelas, on va complètement les éliminer. On aura plus que des sommiers à lattes et métalliques", poursuit-il.
Dans cette ressourcerie des ateliers Croix-Rouge, la literie a, elle aussi, été bannie. Pour le reste, tout est scrupuleusement vérifié. "Pour les dons de textile de particuliers, ils sont triés au niveau de Maison Blanche (14ᵉ), ils sont triés, traités et envoyés dans nos boutiques. Les trieuses vérifient leur état et s’assurent qu’il n’y a pas de problème. Tout ce qui nous parait suspect est remis dans des sacs et donné en déchetterie. On est en veille de tout ce qui pourrait être contaminé par les punaises de lit", explique Marianne Piacentino, directrice de la ressourcerie Impulse Toit. Cependant, cette rigueur n’est pas nouvelle. "On a toujours fait attention, cette problématique ne date pas d’aujourd’hui. On a toujours fait le choix de bien traiter la seconde main avant de mettre en rayon", assure-t-elle.
"Réviser ses comportements"
Ici aussi, les clients sont toujours présents. Même s’ils déclarent faire plus attention et posent beaucoup de questions, aucun impact n’est à déplorer sur l’achat de la seconde main. "C’est quelque chose qui me soucie parce que Marseille, c'est quand même très sale. Entre les punaises, les cafards, les rats, les poux et tout le reste…", confie Véronique Mannone, une cliente. "J’achète vraiment si j’ai un coup de cœur et je fais une grosse vérification. Comme ça je ne prive pas de ce dont j’ai réellement envie", Claude Gravagna, une autre consommatrice. Si selon elle, il faut "réviser ses comportements", il ne faut en aucun cas arrêter de se tourner vers la seconde main.
Les clients du marché de l’occasion ne vont pas cesser d’acheter. L’inflation les préoccupe bien plus que les punaises de lit.