Ce lundi, des rassemblements étaient organisés pour exprimer les inquiétudes persistantes liées à cette réforme, des centaines de policiers mais pas seulement, à leurs côtés, des magistrats qui partagent leurs sentiments. A Marseille, Nice ou encore Toulon, ils se sont réunis entre 12h et 14h devant les palais de justice.
Depuis l'annonce de cette réforme de la police judiciaire prévue pour décembre 2022, les policiers et magistrats expriment leurs inquiétudes. Le limogeage d'Eric Arella, le 8 octobre dernier, ex-patron de la Pj zone sud a mis le feu aux poudres et provoqué des manifestations de soutien dans toute la France.
Ce lundi, policiers et magistrats se sont rassemblés partout en France, devant les palais de justice pour exprimer leur mécontentement et leurs inquiétudes face à cette réorganisation de la police judicaire.
À Toulon, il étaient près d'une quarantaine en début de rassemblement.
Dans leur viseur : la réforme de réorganisation de la police judiciaire portée par Gérald Darmanin. L’objectif étant de rassembler à l’échelle départementale les différents services de police et de les placer sous l’autorité d’un Directeur de la police nationale (DDPN), contre plusieurs actuellement.
À Nice, environ 90 personnes étaient rassemblées pour exprimer leur colère devant le palais de justice.
Ainsi la PJ, sécurité publique, CRS, polices aux frontières et judiciaire ne forment plus qu’une seule et même filière. Une solution permettant d’accroître l’efficacité de la police face à une délinquance quotidienne qui ne cesse de progresser, selon le ministère de l’Intérieur.
À Marseille, c'est devant devant le palais de Justice que magistrats et policiers se sont rassemblés entre 12h et 14h.
Peur d'une régression et d'un manque d'indépendance
Ils ne prennent pas souvent la parole et là le font de façon anonyme mais ont tenu à expliquer pourquoi cette réforme pourrait impacter sur le long terme la façon de travailler et les conséquences pour les citoyens.
"Ils sont en train de nous arracher notre outil de travail, si on est déchirés, ce n'est pas pour revendiquer une prime, un salaire ou quoi que ce soit. C'est parce qu'on croit en notre mission et ce qu'on nous promet, c'est de ne plus pouvoir faire notre mission", explique Eric* anonymement, avec 10 ans d'expérience en police judiciaire.
Christian* craint que la réforme ne bouleverse le fonctionnement de la PJ. "Nous sommes méprisés par notre ministre actuel. On essaie de détruire quelque chose qui fonctionne très bien au profit de quelque chose qui fonctionne moins bien. Nous avons conscience qu’il faut une réforme, mais pas cette réforme".
Pour lui, cette réforme ne peut être faite par "des fonctionnaires dépassés". "Il y a des réformes qui méritent d’être faites par des professionnels qui touchent la procédure judiciaire, les enquêtes sensibles, les enquêtes judiciaires du quotidien. Il faut que tout le monde apporte sa pierre à l’édifice".
"La réforme du point de vue de l’investigation, c’est la mise en danger des concitoyens et de l’état sur les 10 ans à venir, la Belgique, les Pays-Bas ont fait cette réforme et le regrettent", souligne Thomas, chef de groupe à Marseille.