Un appel à témoins a été lancé pour savoir si le tueur du petit Valentin, Stéphane Moitoiret, et sa compagne sont liés à l’assassinat de Marine Boisseranc, dans le Rhône en 2005. Le couple a été vu près de la maison le jour du crime. Un espoir pour le père de la victime, qui vit à Marseille.
Qui a tué Marine ? Cette question hante Eric Boisseranc depuis le 11 octobre 2005. C'est lui qui a découvert sa fille aînée, tuée de douze coups de couteau, dans le salon de leur maison, à Chazay-d'Azergues (Rhône).
Depuis un an, c'est de Marseille que le père de la jeune fille suit les avancées des enquêteurs de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP), qui ont rouvert ce "cold case" il y a quatre ans.
"Je fonde un grand espoir sur eux, déclare Eric Boisseranc, tant que le dossier est chez eux, il ne sera jamais fermé".
15 ans après les faits, les policiers s'intéressent à deux témoignages qui attestent la présence de Stéphane Moitoiret à Chazay. Une proximité qui interpelle quand on sait que ce marginal a été condamné en 2008 pour le meurtre du petit Valentin, 11 ans, tué de 44 coups de couteau alors qu'il faisait du vélo, à Lagnieu dans l'Ain.
En décembre dernier, un premier témoin affirme avoir vu le couple dans les parages. Quelques semaines plus tard, un autre témoignage le place à 500 mètres de la maison. "Ces deux témoins sont formels et même très crédibles aux yeux de l'OCRDP", explique Eric Boisseranc.
"J'ai l'espoir qu'on trouve d'autres témoignages, on va y arriver. Un jour ou l'autre, on y arrivera, je vous l'assure."
Il y a bien quelqu'un qui a vu quelque chose qui va parler. J'espère le plus tôt possible.
Comme l'expliquent les enquêteurs dans leur appel à témoins, Stéphane Moitoiret et sa compagne Noëlla Hégo sillonnaient la France en vélo. Ils arrivaient en fin de journée dans les villages et demandaient à être hébergés par la paroisse ou les habitants.
Le couple a-t-il frappé à la porte des Boisseranc ? "Je ne vois pas ma fille ouvrir à quelqu'un qu'elle ne connaît pas, assure Eric Boisseranc, mais cela reste possible selon lui, "connaissant le profil de M. Moitoiret, car c'est quelqu'un de très sociable, qui se disait pèlerin. Qu'est-ce qui s'est passé ? Je n'en sais rien, c'est une piste parmi tant d'autres".
Cette piste avait déjà été évoquée en 2008 après le meurtre de Valentin. "J'ai eu la mère du petit Valentin à cette époque, elle me disait que pour elle, ils n'en étaient pas à leur premier coup, elle en était persuadée..."
"On sait qu'ils étaient quand même dans le coin le 11 octobre 2005". De nouveaux témoins permettront peut-être de conforter cette hypothèse.
Est-ce la dernière chance de voir enfin éclater la vérité ? "Non, il n'y a pas de dernière chance, rétorque Eric Boisseranc, qui n'a rien perdu de sa détermination au fil des ans, ça fait 15 ans que je me bats, j'ai connu des douches chaudes et des douches froides, je ne lâcherai jamais. C'est mon combat."
Il fait confiance à l'OCRVP pour aller au bout de toutes les pistes possibles. "Tant que le dossier est chez eux, il ne sera jamais fermé".
Le père de Marine n'est pas près de s'avouer vaincu. "J'ai un genou à terre, pas les deux".
Il y a 15 ans, le meurtrier n'a laissé qu'un maigre indice, une trace de pas. Pas d'arme du crime. Pas de violence sexuelle révélée par l'autopsie. Pas d'empreinte, ni ADN.
Avec les progrès de la police scientifique, tout espoir n'est pas perdu selon le père de la victime. "Il y a des tests ADN qui sont encore faits sur des scellés, précise Eric, et ils ont des moyens bien supérieurs à ceux qu'ils avaient en 2005".
Marine était en deuxième année de BTS comptabilité au lycée Notre-Dame de Villefranche-sur-Saône. Elle aurait 35 ans aujourd'hui.