Pour cette retraitée polyhandicapée, le compte à rebours a commencé : après un long combat pour trouver un logement adapté à son invalidité et à son budget, elle s'apprête à dormir dans sa voiture.
Quand Nicole raconte son histoire, elle paraît invraisemblable, tant sa vie est un empilement inextricable de problèmes, qui la pousse aujourd’hui dans la rue. Malgré la solidarité qu'elle a pu rencontrer autour d'elle, son appel au secours semble résonner dans le vide depuis de nombreuses semaines. Seule et isolée, à 62 ans, Nicole est effrayée à l'idée de dormir dans sa voiture, ce qui risque de lui arriver dans quelques jours. C'est l'ultime issue du combat qu'elle mène depuis décembre 2023. "Comment je vais faire pour me laver, m'habiller, déplier mon corps handicapé, dans une voiture ?", s'inquiète-t-elle, en ravalant un sanglot.
Nicole recherche un logement désespérément
À la retraite depuis le 1ᵉʳ septembre 2024, cette Marseillaise déroule la longue liste des "treize pathologies" que son corps abîmé trimballe, appuyé sur une canne. Maladie de Crohn, spondylarthrite ankylosante, maladies cardiovasculaires et plusieurs discopathies invalidantes, "si je tombe, la prochaine étape est le fauteuil roulant".
Depuis le Covid, son destin a basculé, dit-elle. Problèmes de santé, invalidité, séparation avec son conjoint, expulsion de son appartement, cette mère de quatre enfants n'a pas réussi à éviter le pire parce qu'elle ne trouve pas de logement décent et adapté à la mesure de son budget. "Avec 1018 euros par mois de retraite, je ne vois sur Le Bon Coin que des appartements qui ne sont pas aux normes".
Dans trois jours à la rue
Du côté de l’aide sociale, on lui répond inlassablement qu'il n'y a pas de logements qui répondent aux critères de ses handicaps : rez-de-chaussée ou étage avec ascenseur, et douche sécurisée. "J'en suis venue à appeler le 115, mais on me répond qu'il n'y a pas d'hébergement d'urgence disponible".
Alors Nicole, depuis le mois de mars 2024, est logée par des connaissances. "Je suis accueillie ces derniers jours chez une personne, jusqu'au 10 janvier, c'est-à-dire dans trois jours, après, je vais être obligée de dormir dans ma voiture". Ses affaires sont stockées dans une cave généreusement prêtée, "mais cela ne pourra pas durer", ce qui laisse à craindre de tout voir disparaître.
"J'en suis là"
Malgré son recours en justice pour faire valoir son Droit au logement Opposable (DALO), dont la décision n'interviendra qu'en février, cette retraitée se dit à bout de forces," je vais finir par me mettre une balle dans la tête", lâche-t-elle avant de s'effondrer en larmes," j'en suis là".
Pourtant, Nicole, en rupture familiale et seule à Marseille, se sait chanceuse d'avoir bénéficié de la solidarité, "beaucoup de gens étrangers m'ont tendu la main" confie-t-elle, mais aujourd'hui, c'est simplement un toit qu'elle demande, "et un peu de chauffage". Autre problème enfin, l'alimentation qu'elle doit surveiller en raison de sa maladie de Crohn. "On me propose des colis alimentaires, mais où puis-je cuisiner, si je suis à la rue ?".
Entre colère, amertume et désespoir, elle voudrait tant continuer à aider les autres et à garder le sourire pour les bénéficiaires de son association.