Témoignage. TÉMOIGNAGE."Je n'ai encore rien fait de ma vie, pourquoi ça m'arrive maintenant ?", Maëva, atteinte d'un cancer du sein à 25 ans

Publié le Écrit par Laure Bolmont
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Près de 5 % des femmes atteintes d'un cancer du sein ont moins de 40 ans. Maëva, elle avait seulement 25 ans quand la maladie s'est déclarée. En rémission depuis l'été 2023, elle témoigne aujourd'hui de la nécessité d'une surveillance à tout âge, "parce que ça peut arriver à n'importe quelle femme".

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C'était le 24 décembre 2021. Après le repas de Noël, juste avant d'aller se coucher, la jeune fille sent rouler sous ses doigts une petite masse, logée dans son sein droit. Elle a 25 ans. En vacances chez ses grands-parents pour les fêtes, l'étudiante est à des lieues d'imaginer que c'est un cancer qui progresse silencieusement dans sa poitrine. 

Quelques semaines plus tard, la biopsie révélera le diagnostic. "Sur le coup, je n'y ai pas vraiment cru, et puis subitement, je suis tombée en sanglots", raconte Maëva,"à ce moment-là, j'étais en stage à Nice, seule, sans famille à mes côtés, la radiologue s'est occupée de moi comme si j'étais sa propre fille". Cette solitude, la jeune femme assure l'avoir apprivoisée au fil de l'épreuve, mais les premiers temps sont difficiles. "Coups de mou, dépression, crises d'angoisse", se succèdent notamment devant l'incompréhension de son entourage.

Elle évoque ses nuits sans sommeil, son désarroi, confrontée à l'inconnu, la peur avant chaque séance de chimio, à guetter les effets ravageurs de "ce produit chimique que l'on injecte dans son corps, sans savoir comment l'organisme va réagir ". Personne pour la rassurer. Face à son jeune âge, les médecins restent stoïques, ne préfèrent pas se prononcer sur l'issue du protocole, lui demandent si elle est "prête à se faire enlever un sein." Maëva, dans sa courte vie, n'avait pas encore eu l'occasion de se poser cette question.

"Il ne faut pas que ça se termine maintenant"

"Je voulais des enfants et je me suis dit, comment ça peut me tomber dessus du jour au lendemain alors que j'ai encore plein de choses à faire". À ce souvenir, elle insiste, "je me disais, il ne faut pas que ça se termine maintenant !" Pour préserver ses ovaires, et lui laisser une chance d'être un jour maman, l'équipe médicale décide de la placer dans un état de ménopause artificielle.

Quand on est malade, on a envie de tout faire d'un seul coup, c'est une course contre-la-montre.

Maëva, SOS Cancer du sein

France 3 Provence-Alpes

Mais avec son petit ami, la sexualité va devenir "compliquée". Maëva, qui se décrit comme une "meuf énergique" a perdu sa vitalité, "je n'étais plus active, ni mentalement, ni physiquement, les hormones sont déréglées ce qui complique les rapports sexuels", même si elle reconnaît que son conjoint a été patient. "Et ça a duré facilement deux bonnes années, on ne faisait pas grand-chose parce que je ne pouvais pas." Le couple ne résistera pas à l'épreuve de la maladie. 

Elle trouve du soutien auprès de l'association SOS Cancer du sein où d'autres femmes malades, plus âgées, la réconfortent. Elle défile avec le Gang des crânes rasés dans les rues Nice à l'occasion d'Octobre Rose 2022, "une chance de vivre une telle expérience". Après deux "grosses" chimiothérapies, une opération pour enlever tumeur et ganglion, quatre mois de radiothérapie et six mois de traitement médicamenteux, le compte est bon : la rémission est annoncée en août 2023.  

"J’avais un corps de mamie"

Durant de longs mois, l'étudiante se sent "privée de son insouciance et de sa jeunesse", rattrapée par des problèmes matériels. N'ayant jamais travaillé avant de tomber malade, sa situation financière devient précaire. Maëva a perdu sa légèreté et le goût de la distraction. "J'avais un corps de mamie", dit-elle, en se remémorant douleurs articulaires, musculaires, fatigue, manque d'énergie, "envie de rien faire", prise poids, rétention d'eau... À la fin du traitement, "on se retrouve blanche comme un cachet d'aspirine, on n'a plus de cheveux, plus de cils ni de sourcils".

Depuis mon cancer, je suis quelqu'un d'autre, mais je suis restée la même. Cette expérience m'a permis d'avancer mentalement.

Maëva, 28 ans, en rémission d'un cancer du sein

France 3 Provence-Alpes

Alors, Maëva s'attelle à retrouver son côté "femme sexy", se pomponne et choisit de garder la coupe à la garçonne qui lui "va bien, finalement". Elle s’inscrit dans un club d'athlétisme, pratique la course à pied, sort avec ses amies. Mais la jeune fille n'est plus la même, même si elle a récupéré son "hyper optimisme" et se persuade à chacun de ses contrôles que "cet épisode est derrière" elle. 

Boulimique de la vie, elle a plein de projets en tête, voudrait tout faire d’un coup, a eu si peur que le temps lui échappe, mais elle "apprend à se calmer", prend soin d'elle, écoute son corps.

L’autopalpation pour les jeunes filles

"Avant, dans le service d’oncologie, j'étais 'la petite jeune', mais aujourd’hui, il y a de plus en plus de vingtenaires dans mon cas". Face à la recrudescence des cas de cancer du sein chez les jeunes femmes, Maëva invite à pratiquer un auto-examen, par palpation et prodigue des conseils : "par petites pressions, vérifiez que vous n'avez pas de boule dans la poitrine, à cet endroit, la peau et les tissus sont mous, si vous sentez une grosseur qui roule sous les doigts, ce n'est pas normal"

À 28 ans, aujourd’hui salariée dans l’industrie de la parfumerie à Grasse, Maëva assure avoir aussi changé de regard sur le monde. "Quand je vois des femmes enturbannées dans la rue, je reconnais chez elle la maladie, j'ai juste envie d'aller les voir et de leur faire un câlin". Son empathie a pris le dessus, sourit-elle avec douceur. "Dans ces moments-là, un câlin, c'est du réconfort comme la bonne bouillotte en hiver que l’on met sous son plaid avec un chocolat chaud pour regarder un film de Noël".

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