Mason Greenwood a donné son accord pour venir à l'OM et doit signer mercredi. Un transfert qui ne passe pas inaperçu, car le joueur a été un temps accusé de violences conjugales et tentative de viol sur sa compagne. Femmes, joueuses de foot ou supportrices, elles ne digèrent pas cette annonce.
Un transfert de star qui fait polémique. L'attaquant anglais Mason Greenwood, qui doit s'engager avec l'OM, est attendu mercredi 17 juillet à Marseille. Une arrivée qui divise les supporters, entre ceux qui se félicitent de voir un excellent joueur de foot rejoindre les hommes de De Zerbi et ceux qui lui reprochent ses frasques extra-sportives. L'attaquant anglais a été accusé de violences conjugales et tentative de viol sur sa compagne, avant que les poursuites ne soient abandonnées, après le retrait de la plainte de sa compagne.
Une situation qui a scandalisé le maire de Marseille, Benoit Payan, qui affirmé la semaine dernière sur RMC Sport qu'il ne veut pas "que mon club soit couvert par la honte." Une colère partagée par les supportrices contactées par France 3 Provence-Alpes qui ont accepté de réagir à ce transfert.
"Ma vision par rapport au club commence à changer"
Linda est abonnée en virage depuis plusieurs années. "Quand j’ai entendu la rumeur autour de ce transfert de Mason Greenwood, je me suis plutôt positionnée contre, parce que ses actes (même s’ils sont liés à sa vie personnelle) ne sont pas en accord avec les valeurs partagées par le club", estime la jeune femme.
Dès la rumeur de sa venue, des supporters de l'OM s'étaient mobilisés contre sa venue potentielle avec le #GreenwoodNotwelcome sur les réseaux sociaux. Accusé, outre-Manche, de violences conjugales et tentative de viol sur sa compagne, Mason Greenwood arrive avec un bagage trop lourd à Marseille. Certains supporters rappellent les valeurs du club et font pression sur l'OM pour ne pas voir le signer.
Le joueur de 22 ans a été accusé de violences conjugales et de tentative de viol par son ex-compagne, Harriet Robson, qui a posté des images de son visage en sang sur les réseaux sociaux. Des allégations prises très au sérieux par son ancien club Manchester United, qui l'a suspendu le temps d'une enquête interne avant de décider de ne plus le faire jouer et de l'envoyer en prêt à Getafe la saison dernière. Même si les charges contre lui ont été abandonnées début 2023.
Selon Linda, cela soulève une question sur les valeurs de l'Olympique de Marseille. "Ma vision par rapport au club commence à changer un petit peu parce que ce n’est pas la première recrue qui a des problèmes avec la justice, souligne-t-elle. Après, si les recrues en question ont été jugées et pardonnées par les victimes, je ne suis pas sûre de la légitimité de mon mécontentement". La jeune femme se dit "déçue puisqu’il existe beaucoup de joueurs qui partagent les mêmes valeurs que notre club".
"C’est vraiment trop grave ce qu’il a fait"
Sarah, abonnée chez les South Winners affiche son opposition. "Je suis totalement contre sa venue, pour moi, que ça soit en tant que femme ou supportrice, il ne représente en rien les valeurs du club et de la ville, même si sa femme est revenue avec lui. Tranche-t-elle. Pour moi, il y a trop de choses qui sont sorties : vocaux, photos, etc. C’est vraiment trop grave ce qu’il a fait, je n'arrive pas à accepter qu’un homme qui est connu pour avoir fait ça vienne dans mon club".
Quel que soit le choix des recruteurs, Linda l'assure, "ça ne m’empêchera pas d’aller au stade parce qu’il est important pour moi de supporter mon équipe de cœur, mais je ne pourrai pas supporter les joueurs en question".
Je trouve ça dingue d’avoir ce débat encore en 2024. Il y a tellement de talents dans le foot, pourquoi se concentrer sur lui ?
Léa, supportrice de l'OMà France 3 Provence-Alpes
Pour Léa, qui supporte l'OM sans être abonnée, la venue de Mason Greenwood "m’irrite un peu. On est en pleine phase d’évolution et je n’ai pas envie que son arrivée entache la réputation du club".
Un impossible pardon ?
"En tant que femme, voir arriver un joueur qui est accusé de violences physiques et sexuelles envers sa compagne, c'est juste inconcevable. S’il vient à l’OM, c'est presque comme si on lui 'pardonnait' son acte qui est justement plus qu’impardonnable", explique Léa.
Pour la jeune femme, "peu importe que ce soit un excellent joueur, le fait est que ce qu’il a fait est impardonnable et on ne peut pas, l’Olympique de Marseille ne peut pas passer outre ça parce qu’il est fort. Enfin, on ne devrait même pas avoir de doute sur la décision à prendre".
"Ça n’altérera jamais l’amour que je porte à l’OM parce que quand tu aimes ce club, tu l’aimes toute ta vie. En revanche, je trouve ça scandaleux et ça, je crains que ça me désintéresse des matchs", confie la jeune femme. Elle assure qu'elle va "suivre la saison bien sûr, mais l’image que j’ai du club risque d’être détériorée".
Une lettre ouverte adressée à l'OM
Sur X, Pat, de son pseudo, a publié "une lettre ouverte à mon club de cœur, celui dont j’ai honte pour la première fois". Elle intime le club à réfléchir, "il est encore temps de prendre la bonne décision".
Lettre ouverte à mon club de coeur, celui dont j’ai honte pour la première fois. @OM_Officiel, il est encore temps de prendre la bonne décision. #TeamOM #MercatOM #GreenwoodNotWelcome pic.twitter.com/CRpW4Js0s5
— Pat (@MarinePattyn) July 17, 2024
Dans son plaidoyer, la supportrice de l'OM, d'origine lilloise, revient sur la question de l'emprise que certains hommes peuvent exercer sur leur compagne et regrette que la justice ne se soit pas basée sur les preuves "de violences" qui ont été d'ailleurs montrées sur les réseaux sociaux. Elle dit refuser "de dissocier l'homme du joueur". Pour elle, "recruter cet homme, c'est un crachat à la tête de toutes les femmes, de toutes les victimes".
Et cette supportrice l'affirme noir sur blanc : "Si Mason Greewood signe à l'OM, je ne viendrai à aucun match, [...] je laisserai mon siège vide, toute la saison. Vide comme la dignité que vous démontrez en recrutant un homme capable de telles horreurs".
"Greewood n'est pas connu pour être un crack, il est juste connu pour les violences"
"Je pensais sincèrement que ce n'était même pas un débat et que ça allait faire consensus et que personne ne voudrait de ce symbole de la violence faite aux femmes. Parce qu’en fait, Greenwood n'est pas connu pour être un crack, il est connu juste pour les violences", explique Sara.
"Mon OM, il est féministe et antifa, et c'est désolant de voir qu'on est loin de ça dans les choix de recrutement", se désole Jade qui vient aux matchs en virage Nord. Elle a peur pour l'image de son club. "L'OM restera l'OM, mais ça salit l'image du club de recruter des agresseurs. Il faut prendre position dans la vie, dans le foot aussi."
De nombreuses femmes sont en colère, et le font savoir :"Je n’irai pas au stade, je ne sais pas si je serai capable de regarder un match, mais je ne me réjouirai de rien. Je souhaite à l’OM de retrouver les sommets, mais sans cet opportunisme crasse", insiste Sara.
En attendant que le club de mon cœur retrouve des valeurs, je ne souhaite rien, ni à cet homme violent, ni à ce club tremplin d’homme violent. Ils passeront et l’OM restera, et restera sali de ce qu’ils ont fait.
Saraà France 3 Provence-Alpes
Sarah, des South Winners, elle, ne comprend pas le "deux poids deux mesures de l'OM". "Il a eu un comportement impardonnable et ce n'est pas chez nous qu’il doit avoir de la rédemption, sachant que le club se vante d’accueillir des femmes battues à la Commanderie, je ne vois pas comment on peut banaliser la venue d’un homme qui a battu sa femme".
Sarah fait référence à l'accueil proposé aux femmes victimes de violences conjugales pendant le confinement. Des actions sont prévues par des collectifs féministes, mais pour le moment, ils ne souhaitent pas en dire davantage.