Témoignages. "J'ai 37 ans et j'ai connu 7 conflits", l'angoisse de la communauté Libanaise à Marseille après les frappes israéliennes

Publié le Mis à jour le Écrit par Sidonie Canetto

L'actualité dramatique au Liban est suivie évidemment de très près par de nombreux ressortissants libanais installés à Marseille et dans toute la région. Ils s'inquiètent pour leurs proches restés au pays, en particulier ceux qui subissent les bombardements au sud de la capitale.

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Depuis plusieurs jours Israël attaque le Liban, par des frappes aériennes, mais aussi terrestres contre le Hezbollah, la communauté libanaise de Marseille suit à distance l'évolution de la situation. Installés dans la cité phocéenne, ils sont angoissés pour leurs proches restés là-bas, pour la plupart leurs parents âgés. 

"J'ai 37 ans et j'ai connu sept conflits différents"

Travailler pour occuper son esprit. Après un week-end plongé dans l'angoisse, à suivre minute après minute l'actualité à Beyrouth, Serge Saliba, restaurateur libanais a décidé de s'accrocher à l'activité qu'il exerce depuis deux ans à Marseille : cuisiner des spécialités de son pays. Mais la légèreté n'est plus de mise." j'attends un petit moment creux, pour pouvoir m'échapper un peu, pour regarder les nouvelles, voir où on en est, ce qui s'est passé, ce qu'il y a de nouveau, savoir où ils ont frappé, savoir si cela se rapproche de la famille ou non", explique Serge Saliba, gérant du restaurant "Le coin phénicien"

Son obsession : rapatrier ses parents au plus vite. Ils ont déjà un billet d'avion pour le 18 octobre. Mais attendre jusque-là semble une éternité. "Je veux sortir mes parents et ne plus entendre parler de ça. Parce que les guerres, on en a vécu, j'ai 37 ans, je suis né pendant la guerre et j'ai connu sept conflits différents. Rien ne va changer", constate avec résignation Serge Saliba.

"J'ai le sentiment d'avoir abandonné mes parents"

Face à la situation géopolitique, même sentiment d'impuissance chez Zeina Trad, journaliste Franco Libanaise à Marseille. "On est sidérés, je suis inquiète. Je suis fatiguée aussi, tous les Libanais sont fatigués de cette guerre qui n'en finit pas et qui recommence", explique-t-elle, avant d'ajouter, "j'ai le sentiment d'avoir abandonné mes parents qui ne veulent pas quitter le Liban." Chaque jour, elle appelle son père. "Chaque jour, c'est ainsi, il me dit, [on se rappelle, tout va bien]. Ou bien, ils restent chez eux et tout est fini, ou bien, ils voyagent, ils s'expatrient à l'âge qu'ils ont et tout finira. Donc pour l'instant, ils préfèrent rester chez eux". 

Ce mardi, Zeina TRAD est partie à Londres pour rejoindre sa sœur expatriée là-bas et son frère parti en catastrophe du Liban vendredi. Ensemble, ils espèrent pouvoir convaincre leurs parents de s'installer en Angleterre.

Article écrit avec Claire Pain et Marie-Agnès Pelleran

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