Le tribunal correctionnel de Marseille a condamné, ce vendredi 6 septembre, un policier marseillais à 10 mois de prison avec sursis pour violences aggravées. L'agent est reconnu coupable d’avoir utilisé une matraque télescopique contre le gérant d’un bar lors d’un contrôle, en juillet 2020. Retour sur les faits et les suites judiciaires.
L'affaire remonte au 9 juillet 2020, lors d'un contrôle de travail dissimulé dans plusieurs bars du 3e arrondissement de Marseille, l’un des quartiers les plus défavorisés de la ville. Les policiers entrent dans l’un des bars. Jusque-là, le contrôle se passe sans encombre. Mais la situation dérape lorsque le gérant, pris de panique, tente de se débarrasser de 30 grammes de haschich en les jetant dans le caniveau.
Alors que l’homme tente de revenir dans l’établissement, il en est empêché par l’un des policiers. "En me relevant, j’entends le bruit d’une matraque télescopique qui se déplie et je prends deux coups", avait-il raconté devant le tribunal, en juin dernier, selon l’AFP. Il est très vite transporté à l’hôpital. Bilan : une fracture de l’avant-bras et une autre à la main gauche.
Une condamnation contestée
Ce vendredi 6 septembre, le tribunal correctionnel de Marseille rend son jugement : 10 mois de prison avec sursis pour le policier, reconnu coupable pour violences aggravées. En plus de la peine de prison, le policier devra verser 2.000 euros à la victime. Le jugement est toutefois inférieur aux réquisitions du parquet, qui avait demandé 15 mois de sursis et une interdiction de port d'arme pendant trois ans.
Le chef d'équipage qui a 23 ans de service, a nié avoir utilisé une matraque télescopique, affirmant qu'aucun coup n’avait été porté lors de l'intervention, rapporte l’AFP. Or, "à l'issue des débats et de l’exploitation des vidéos, il est démontré qu'il était porteur d'une matraque télescopique", précise la présidente du tribunal.
Une décision controversée… Et la satisfaction de la victime
Bien que le policier ait été reconnu coupable, certains points de la décision sont contestés. L'interdiction de port d'arme, initialement demandée par le parquet, a été écartée, tout comme l’inscription de la condamnation au bulletin numéro 2 du casier judiciaire, permettant ainsi au policier de continuer à exercer.
Me Sandrine Pauzano, l’avocate de la défense, a exprimé son mécontentement face à cette condamnation. "Même si le tribunal est allé en dessous des réquisitions, c'est une déclaration de culpabilité que nous contestons", a-t-elle déclaré à l’issue du délibéré, sans indiquer si un appel serait envisagé, explique l'AFP.
Pour la victime et son avocate, Me Virginie Rossi, le jugement marque la fin d'un long combat. "Je remercie la justice française d'avoir fait valoir mes droits. Ce n'était pas gagné d'avance... C'est un policier", réagit le gérant, toujours affublé d’une attelle au bras droit.
"C'est avec une grande satisfaction que l'on accueille ce verdict, qui reconnaît enfin son statut de victime", a ajouté son avocate, saluant la décision du tribunal, malgré les éléments du jugement qui laissent au policier une certaine marge de manœuvre pour poursuivre sa carrière.