Les poubelles s’entassent, encore une fois, dans le métro de Marseille, conséquence d'une grève "illimitée" des agents de nettoyage, commencée ce mercredi 6 novembre. Ces derniers protestent contre le nouveau gestionnaire, la société Atalian, accusée de ne pas respecter les accords de transfert de salariés, et de renouvellement de contrat.
Les poubelles débordent dans les stations de métro marseillaises. La raison ? Un mouvement de grève des agents de nettoyage, organisé par les syndicats Solidaires et la Confédération du Travail, en raison d’un “fort mécontentement des salariés affectés sur le marché du métro RTM, suite aux engagements pris et non respectés” par le nouveau gestionnaire, la société Atalian.
Ce mercredi 6 novembre, plus de trente manifestants, vêtus de gilets jaunes, se sont rassemblés devant les portiques d'un métro de la ville pour réclamer le retour de leurs droits. Mégaphone à la main, le leader syndical de Laser Propreté, M. Djeffel lance un cri, suivi par les autres grévistes. “Rendez-nous nos acquis !”, scandent-ils, avec détermination.
Un transfert des salariés controversé
Cette mobilisation fait suite à la prise en charge du service de nettoyage par Atalian, qui a remplacé Laser Propreté, une société marseillaise écartée en septembre dernier, pour “pratiques frauduleuses” sur plusieurs sites, dont la gare Saint-Charles. Les salariés de Laser Propreté avaient pourtant été assurés d’un transfert de leurs contrats vers le nouveau gestionnaire, Atalian. Mais, selon les manifestants, ces engagements n’ont pas été respectés.
"On est en arrêt de travail avec la société Atalian parce qu’ils ne respectent pas les accords qu’ils ont signés."
M. Djeffel - leader syndical de Laser Propreté
“L’inspection du travail a mené une enquête pendant un mois et demi à laquelle on s’est soumis, elle a conclu à la validation du transfert des salariés, Atalian doit se plier”, explique M. Djeffel, indigné. “Ils s’étaient engagés, avec la direction régionale, à reprendre l’ensemble des salariés. Nous étions protégés par un transfert validé par l’inspection du travail. Mais après validation, Atalian a refusé d’intégrer certains d’entre nous. Un refus qui a été notifié par un huissier”.
Des conditions de travail remises en cause
Le porte-parole syndical pointe également du doigt les changements dans les conditions de travail imposées par la société Atalian, en contradiction avec les accords précédents : “Atalian avait connaissance des accords existants, notamment les deux jours de repos et la suppression de la mobilité. Et aujourd’hui, ils rétropédalent,” déplore-t-il.
Ce dernier va plus loin. Il lance un appel à la métropole et à la mairie de Marseille, pour un contrôle plus strict des attributions de marché : “On invite la Métropole et la Mairie de Marseille à jeter un droit de regard sur l’attribution des marchés. On s’interroge encore sur la manière dont Atalian a pu obtenir ce marché sans appel d’offres.”
Des voix de salariés en colère
D’autres employés, tous issus de la société Laser Propreté, témoignent de leurs difficultés face à cette situation. Yacine, salarié de Laser Propreté, regrette le non-respect des engagements : “On nous a promis de récupérer l’ensemble des salariés, or il manque encore plus de 14 personnes qui n’ont pas été reprises.” Des propos affirmés par Mohamed, un autre salarié : “Certains ont été repris, d’autres non. Ce qu’on veut c’est que tout le monde soit repris. Aujourd’hui, la société Atalian renie tout ce qui a été établi. Avec les autres salariés, on va se battre, on ne lâche rien.”
Karim, également en grève, espère des améliorations : “On attend que tout le monde soit repris, qu’on puisse travailler dans de meilleures conditions et qu’ils respectent les protocoles signés avec l’ancienne société.”
Une problématique de longue date
Les grèves dans le secteur du nettoyage dans le métro et à la gare Marseille Saint-Charles ne sont pas nouvelles à Marseille. En octobre dernier, pour remédier aux problèmes de collecte de déchets à la gare Saint-Charles, la préfecture avait déjà réquisitionné l’entreprise ONET pour pallier l'absence de service.
Depuis des mois, des tensions persistent entre les salariés de Laser Propreté et leurs dirigeants. La SNCF, de son côté, évoquait “des faits graves” à l’encontre de cette entreprise, justifiant ainsi la résiliation du contrat.