Dans un entretien exclusif accordé mercredi 27 mai à France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur, le Pr. Didier Raoult, grand patron de l'IHU Méditerranée Infection, implanté à Marseille, revient sur les trois mois de polémique qui ont conduit à la suspension du traitement à l'hydroxychloroquine.
"On n'a plus de patients, l'épidémie vit ses derniers moments". Voilà pourquoi l'abrogation par le gouvernement, du décret autorisant la prescription de l'hydroxychloroquine, "n'émeut pas" le Professeur Didier Raoult.
Dans un entretien accordé à France 3 Paca, le controversé infectiologue émet à son tour des réserves, sur l'étude publiée par la revue scientifique The Lancet le 22 mai. Celle-ci indiquait que l'hydroxychloroquine, prescrite aux patients atteints de Covid-19, augmentait les risques de décès.
Dans la foulée de cette dernière étude, le Haut conseil de la santé publique avait émis un avis défavorable à l'utilisation de l'hydroxychloroquine, hors essais cliniques, que ce soit seule ou associée à un antibiotique.
"On ne sait pas d’ou viennent les malades, il n'y a pas le nom d’un seul hôpital. Ni le nom d’un médecin qui ait vu les malades", dénonce le patron de l'IHU.
"Comment se fait-il que dans une étude il y ait 8% de mortalité, et dans une autre (celle de l'IHU) 0% ? On publie des choses qui ne sont pas dignes", martèle l'infectiologue.
On n'a pas caché des cadavres dans le parking
"On n'a pas caché des cadavres dans le parking", ajoute le Pr. Raoult dans ce long entretien à retrouver en intégralité ici.
A Marseille, 3.300 personnes ont suivi le protocole du professeur Raoult, en prenant le traitement à l'hydroxychloroquine. Parmi elles, 18 personnes sont décédées après trois jours de traitement. "Aucune n'est morte des complications qui sont indiquées dans l'étude".
"Vous savez, dans la recherche, si vous ne suscitez pas de controverse, c'est que vous ne faites rien".
Marseille, la population la plus testée au monde
Didier Raoult revient sur les tests PCR pratiqués massivement à l'IHU dès le début de l'épidémie, alors même que le gouvernement préconisait des tests, uniquement pour les personnes considérées à risque."On ne voulait pas trier en amont les malades. Nous sommes un lieu pionnier et on a le devoir d’évaluer des stratégies. Alors on a testé tous les cas suspects", justifie l'infectiologue.
Au plus fort de la crise, l'IHU a pratiqué plus de 4.000 tests par jour.
Le confinement a-t-il été efficace?
Après presque deux mois de confinement, le professeur Raoult pense-t-il que le confinement a été efficace pour stopper l'épidémie ? "Je ne sais pas", répond-il, "mais il a probablement évité des réactions de panique et de peur chez la population"."Je redoute la panique, car la peur est dangereuse, et en particulier la peur collective", explique-t-il.
Didier Raoult, une renommée internationale
En quelques semaines, la "Raoult-mania", a largement dépassé les frontières de la cité phocéenne. Le président américain Donald Trump a même affirmé qu'il prenait de l'hydroxychloroquine en prévention.D'après le Pr. Raoult, le traitement à l'hydroxychloroquine est d'ailleurs utilisé en Inde, en Chine, en Russie ou au Brésil : "Cela représente la moitié du monde".
"Alors peut-être qu'on a raison ? C'est l'histoire qui le dira" dit-il.
"La reconnaissance que je cherche, c'est celle de mes patients" explique l'infectiologue. "A Marseille, on a beneficié d’une bienveillance incroyable. Ca nous fait du bien, c'est pour ça qu'on fait ce métier".