Le 24 février 2022 marquait le début de l’invasion Russe en Ukraine. Très vite, des millions d’ukrainiens ont fui leur pays. Essentiellement des femmes et des enfants. Nous avons suivi le parcours de deux familles, une dans le Vaucluse, l’autre à Marseille, dans cette difficile adaptation à la France.
Nous avons cette chance à la télévision de pouvoir se passer des mots. Ne pas imposer notre interprétation car l’image parle d’elle même. Chacun peut alors y trouver sa propre interprétation.
Quand j’écris cela, je pense notamment à Victoria, que vous rencontrerez dans ce documentaire. Etudiante de 17 ans, partie malgré elle avec les filles de sa famille, parce que son papa voulait la mettre à l’abri des bombes.
Victoria, une force fragile
Froide à chaque visite de notre part. Au fil des jours, rien ne changeait. Nous avions l’impression de les déranger. C'est très compliqué d’exprimer des émotions sincères dans une langue non maitrisée. Elle et nous, parlions un anglais très approximatif. Tel était notre ressenti.
Et pourtant en revoyant les images, ces longues interviews face caméra, le ressenti fut différent. A l’image ressortait une jeune fille sensible qui luttait.
Nous pouvions lire cela dans ses yeux. Une jeune fille en lutte face à une émotion qu’elle ne maitrisait pas. En lutte contre un déracinement qu’elle n’avait pas voulu. En lutte contre un isolement forcé et l’éloignement de son papa chéri.
Chaque soir, Victoria, comme beaucoup d’autres Ukrainiennes en fuite, s’endormait sur son téléphone, devant les images de son pays détruit, des images que lui renvoyaient les réseaux sociaux à chaque seconde.
Ses nuits étaient souvent ponctuées d’insomnie. Et lorsqu’elle arrivait à s’endormir, c’est la peur au ventre qu’elle se réveillait. Son père était-il toujours vivant ? Voilà la première question qui hantait son esprit chaque matin.
Après quelques semaines passées en France, Victoria fut l’une des premières réfugiées à repartir en Ukraine, malgré la guerre.
Entre abnégation, reconnaissance, colère et résignation
Dans ce documentaire, vous rencontrerez également Zinaida, une mamie qui ne voulait plus dormir dans la cave avec ses petits enfants. Après quatre jours de marche et de transport, elle atteindra la Pologne, puis la France, et enfin Marseille ou nous l’avons rencontrée.
Zinaida éternelle reconnaissante pour Marseille qui l’accueille.
Au fil des jours, nous avons appris à connaitre cette mamie invincible. L’amour pour son pays et pour sa famille lui a permis de déplacer des montagnes.
Pas d’aidés sans aidants
Ce long reportage met en évidence les difficultés d’adaptation des réfugiés Ukrainiens, arrivés en urgence en Provence. Il met aussi en lumière le rôle fondamental des bénévoles qui les ont aidés et accueillis.
Dès mars 2022, une semaine après le début de l’invasion russe en Ukraine, nous avons suivi des hommes dans leur idée folle : rejoindre seuls la frontière entre la Pologne et l'Ukraine, afin de ramener les amis et familles de leur femmes, des ukrainiennes.
Ils ont loué des minibus, posés des congés, fait une cagnotte pour financer le trajet et 60 heures de route aller-retour. Bien évidemment, pas le temps ni l’argent de s’arrêter pour dormir.
Nous les avons suivis dans leur aventure, sans savoir à quoi nous attendre, mais essayant de capter la complexité des êtres et des initiatives, à hauteur d’hommes et de femmes : des gens comme vous et moi, confrontés à une situation extraordinaire : la guerre.
#EnquêtesdeRégion,
une émission des rédactions de France 3 Côte d'Azur et France 3 Provence-Alpes.