Une cagnotte en ligne a été ouverte jeudi pour Hedi, victime de violences policières en marge des émeutes à Marseille, après la mort de Nahel, début juillet.
"Je fais cette petite vidéo pour vous remercier tout le monde avant tout, tous ceux qui sont là pour me soutenir". Sur Twitter, Hedi adresse quelques mots aux donateurs de la cagnotte lancée jeudi en fin d'après-midi par un de ses amis et qui a déjà recueilli près de 26.000 euros ce vendredi 28 juillet.
La solidarité s'organise autour du jeune Marseillais, qui a raconté dans un vidéo comment il a été blessé à la tête par un tir de LBD en marge des émeutes début juillet.
Je voulais lui faire une surprise, mais quand j'ai vu que ça prenait je suis allé le voir pour lui en parler.
Anthony, ami de Hedi
L'initiateur de la cagnotte, Anthony Curtillet, est "un pote" de Hedi depuis trois -quatre ans. Il voulait faire un geste pour aider son ami mais a été surpris par l'élan de générosité des internautes. "J'ai vu qu'il y avait une cagnotte pour les policiers alors je me suis dit pourquoi pas, j'y croyais vraiment pas parce que je suis pas trop réseaux sociaux", explique-t-il, joint par téléphone.
Des messages de soutien qui font du bien
"A la base je voulais lui faire une surprise, mais quand j'ai vu que ça prenait une ampleur incroyable en peu de temps, je suis allé voir Hedi pour lui en parler, je lui ai fait part des messages des gens et ça lui a fait du bien", ajoute-t-il.
Hier en fin d'après-midi, les dons ne s'élevaient qu'à un millier d'euros, et déjà Hedi était très touché de ce soutien, s'étonnant "tout ça pour moi?", rapporte Anthony. Quand il est retourné chez les parents de son ami, en fin de soirée après avoir quitté le snack où il travaille à Aix, la cagnotte était déjà à 8 000 euros.
"Là je suis chez ses parents, il est en train de se reposer, on est à 15 000 euros et il est pas au courant, quand il va se réveiller je vais lui montrer".
Les dons ne cessent d'affluer. Selon Anthony, Hedi prévoit d'utiliser l'argent pour remercier les gens qui l'ont aidé le soir où il a été blessé et laissé pour mort près du cours Lieutaud. Notamment, l'employé de l'alimentation qui l'a conduit à l'hôpital.
Les policiers chez Darmanin
Dans le même temps, la cagnotte ouverte la semaine dernière par l’Amicale de la BAC SUD en soutien aux quatre policiers mis en cause, et qui avait été suspendue pour vérification "après que plusieurs personnes l'ont signalée" a été rouverte jeudi. Elle a récolté plus de 50.000 euros.
Depuis la mise en examen de quatre fonctionnaires de la BAC et l'incarcération de l'un d'eux le 20 juillet pour "violences en réunion", un mouvement de protestation des policiers a gagné les commissariats. Arrêts-maladie et service minimum, la colère se répercute par une mise au ralenti des procédures judiciaires jusque dans les plus gros tribunaux de France, comme celui de Seine-Saint-Denis.
Le ministre de l'Intérieur a reçu les organisations syndicales jeudi soir place Beauveau. Gérald Darmanin a pris la parole pour la première fois depuis le début de la crise qui agite la police, disant comprendre la "colère" des policiers. "On les insulte, on les vilipende et se rajoutent à cette fatigue une émotion, une colère, et pour beaucoup d'entre eux (...) une tristesse de ces procès d'intention, ces procès médiatiques", a lancé le ministre. "Je comprends cette émotion, je comprends cette colère et je comprends cette tristesse", a-t-il insisté, à sa sortie du commissariat du XIXe arrondissement de Paris.
Les quatre policiers marseillais sont soupçonnés d'avoir tiré au LBD sur un jeune Marseille et de l'avoir roué de coups dans la nuit du 1er au 2 juillet, alors que des émeutes ont éclaté dans toute la France, après la mort de Nahel, tué par un tir policier à Nanterre, le 27 juin.
