Après la votation parisienne pour le triplement des tarifs de stationnement des SUV, les élus écologistes et les associations militant pour une mobilité plus douce à Marseille montent au créneau. Ils espèrent une réponse de l'exécutif municipal d'ici au printemps 2024.
Une votation a eu lieu ce dimanche à Paris concernant les SUV et près de 6% de la population s'est positionnée en faveur du triplement du prix du stationnement dans la capitale pour ces véhicules dits polluants et imposants.
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Une proposition qui fait des émules aussi à Marseille. Sébastien Barles, et le collectif MarsMob ont interpellé Benoît Payan sur cette question.
France 3 Provence-Alpes vous en dit plus sur le projet provençal.
La génèse à Paris : une augmentation votée le 4 février
La mairie de Paris propose la création d'un tarif spécifique de stationnement – en triplant son prix – pour les "visiteurs détenteurs d'un véhicule thermique ou hybride rechargeable de 1,6 tonne ou plus" ou d'un véhicule électrique "de 2 tonnes ou plus", précise la municipalité.
Selon le projet, l'utilisateur d'un véhicule thermique ou hybride rechargeable dépassant 1,6 tonne (ou deux tonnes pour un véhicule électrique) devra bientôt payer 18 euros l'heure de stationnement dans les arrondissements centraux de la capitale (du 1er au 11e arrondissement) et 12 euros pour les arrondissements extérieurs. Cette réforme sera "présentée lors du conseil de Paris de mai prochain, pour une application au 1er septembre", a annoncé Anne Hidalgo, dimanche 4 février au soir, en exprimant sa "fierté" de ce résultat.
La proposition à Marseille : "une question de santé publique" pour les écologistes
À Marseille, les élus écologistes souhaitent également lancer le débat. Dans les deux cas, les élus invoquent la sécurité, la justice sociale, mais aussi l'écologie. Selon plusieurs études, les SUV sont des véhicules plus polluants que les berlines traditionnelles.
L'adjoint au maire Sébastien Barles y voit aussi l'occasion de "contrebalancer le sentiment d'injustice" pour les automobilistes qui ne peuvent plus circuler à Marseille depuis la mise en place de la ZFE. "C’est une question de santé publique", indique l'élu écologiste
💡 Bonne idée @sebbarles de proposer cette surtaxe au parking sur les #SUV
— Marsmob (@Marsmob_go) January 24, 2024
🚘Nous espérons que M. @BenoitPayan acceptera de la mettre en œuvre comme à Lyon et à Paris
De l'💸 frais pour rattraper le retard sur 🚶♀️ 🚴 🚊@laprovence@BFMMarseille@AlternatibaMar @cities_clean pic.twitter.com/DLD62O2hzS
"En fait, on est aujourd'hui, à Marseille, pour une justice sociale et environnementale", lance Sébastien Barles, "ces véhicules sont dangereux du fait de leur poids, du manque de visibilité, ils sont plus polluants, ils émettent plus de gaz à effets de serre, et surtout, ils sont inadaptés au milieu urbain, donc cette mesure est tout à fait légitime".
L'avancée du projet : une décision espérée en mars
"J'ai décidé de ne pas mettre en application le Crit’Air 3, qui devait entrer en vigueur le 1er janvier 2025 à Marseille. Je le reporte sine die. Il faut du temps, il faut être plus tolérant." La présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal a annoncé une pause dans la mise en œuvre de la zone à faibles émissions (ZFE) dans le centre-ville de Marseille, dans un entretien à La Tribune Dimanche, publié ce 4 février.
La surtaxe des stationnements à Marseille, avait été proposée comme une mesure de justice sociale face aux plus précaires qui étaient impactés par la ZFE et l'interdiction de circulation à partir des vignettes 3 dès janvier 2025. La présidente de la Métropole a décidé de reporter cette mesure.
Pour les défenseurs de l'écologie et des mobilités douces, portés par Sébastien Barles et le collectif Mars Mob, "il faut que cela fasse consensus au moment des débats sur la mobilité à Marseille, il faut passer par cette phase de concertation", insiste l'élu écologiste.
Pour lui, il faut en parler "dès février pour qu'une décision soit prise dès le mois de mars".
Pour l'élu qui souhaite que les choses se mettent en place rapidement, "peu importe le moyen, une votation, un arrêté municipal ou une délibération au conseil municipal,"indique-t-il.
Concernant la votation, "si pour cette question-là, cela se faisait", Sébastien Barles souhaiterait que "cela se fasse sur d'autres questions qui intéressent tout autant les Marseillais".
Le contexte local : l'enjeu des mobilités douces
Pour l'élu écologiste, "c'est une question de santé publique" et il faut avoir un regard global. "Cette surtaxation pourrait permettre aussi de financer des vrais choix durables, comme la mise en place du RER métropolitain, de prioriser les mobilités douces, comme le tram, Métro et surtout d'arrêter de privilégier les routes, véritables aspirateurs à voitures".
Dernière absurdité pour l'élu, la mise en place d'une nouvelle route entre le port de Fos-su-Mer vers Salon-de-Provence pour faire transiter les marchandises, "alors qu'on est en pleine crise climatique, pourquoi ne pas favoriser la voie fluviale ou le train, au lieu de faire transiter des centaines de poids lourds sur les routes ? ", s'interroge Sébastien Barles.
Ce projet de 25 km reliant le grand port maritime à l’autoroute A54 a pour but d'améliorer le contournement de Fos-sur-Mer depuis l’autoroute A55. Le coût estimé de ce projet à plus de 300 millions d'euros fait débat.