Une étude de l'Inserm a constaté un lien entre la densité des vignes près des habitations et une "légère augmentation" de la survenance de la leucémie chez l'enfant.
Habiter près d'une vigne peut-il être néfaste pour la santé de vos enfants ? Une étude de l'Inserm publiée mercredi 18 octobre dans la revue Environmental Health Perspectives, a cherché à mesurer les effets de l'exposition de l'enfant aux pesticides utilisés dans la culture vinicole, suspectés d’être un facteur de risque de cancers pédiatriques, et en particulier de leucémies.
Les vignes subissent en effet un traitement par pesticide "particulièrement intensif, près de 19 fois par an en moyenne", expliquent les auteurs de l'article de recherche.
Pour autant, les réponses des chercheurs apparaissent nuancées.
Une légère augmentation des leucémies près des vignes plus denses
Deux groupes de moins de 15 ans ont été considérés pour l'étude : 3 711 enfants atteints de leucémie, à partir du registre national des cancers de l'enfant sur 2006-2013, et 40 196 non-malades du même âge (témoins), sélectionnés sur la même période - à partir de données fiscales - pour être représentatifs de la population métropolitaine.
Les chercheurs se sont basés pour leur diagnostic sur l'analyse des domiciles qui ont été géolocalisés et croisés avec des cartes agricoles pour mettre en évidence la présence de vigne et leur surface.
Premier enseignement : la présence de vignes à moins de 1 000 mètres du lieu de leur résidence n'était "pas plus fréquente" chez les enfants atteints de leucémie (9,3%) que chez les témoins (10%).
En revanche, les chercheurs ont constaté que le risque de leucémie augmente "légèrement" si l'on tient compte de la surface totale des vignes et non de leur seule présence. "En moyenne, pour chaque augmentation de 10% de la part couverte par les vignes dans le périmètre de 1 000 mètres, le risque de leucémie lymphoblastique", la plus fréquente, "augmente de près de 10%", détaille l'Inserm dans un communiqué.
Des différences régionales
Et, selon les régions, les résultats se révèlent hétérogènes, avec des associations plus nettes entre le risque de leucémie pédiatrique et l'habitation près de vignes en Pays de la Loire, Grand-Est, Occitanie, ou Provence-Alpes-Côte d'Azur-Corse.
Étonnamment, La Nouvelle-Aquitaine n'apparaît pas dans ce cas. "Ce résultat nous surprend un petit peu" pour une région "très viticole, avec beaucoup d'enfants à proximité de vignes", a reconnu Stéphanie Goujon à l'AFP, pour laquelle "peut-être que l'indicateur n'est pas optimal pour cette région". La chercheuse appelle plus globalement à la prudence sur "l'interprétation des résultats régionaux".
La leucémie reste une maladie rare chez l’enfant, son incidence est de l’ordre de 45 cas pour 1 million d’enfants par an tient à préciser l'Inserm. En France, environ 500 leucémies sont diagnostiquées chaque année chez des enfants et représentent le tiers de tous les cancers pédiatriques.