Alors que Marine Le Pen (RN), Eric Zemmour (Reconquête!) et Jean-Luc Mélenchon (LFI) peinent encore à rassembler leurs parrainages, le maire de Simiane (Bouches-du-Rhône) a décidé d'en appeler aux habitants pour désigner quel candidat à la présidentielle soutenir.
Le Conseil constitutionnel a communiqué les derniers chiffres : il y a désormais sept candidats officiels à l'élection présidentielle. Sept candidats qui ont donc dépassé la barre des 500 parrainages. Le dernier en date, c'est l'écologiste Yannick Jadot qui comptabilise depuis le 22 février, 565 signatures.
Mais le compte n'y ait toujours pas Jean-Luc Mélenchon, 442 parrainages, Marine Le Pen, 393 seulement ni pour Eric Zemmour qui en est seulement 350. Trois candidats qui pourtant pèsent environ 40% des intentions de vote à ce stade, et qui ne sont pas qualifiés pour la Présidentielle.
Le parrainage du maire LR de Cannes et président de l'association des maires de France David Lisnard à Jean-Luc Mélenchon, a fait des émules.
Ce mardi 22 février, le maire de Simiane lui emboite le pas. Philippe Ardhuin propose d'ouvrir le choix de son parrainage à la décision de ses administrés.
Une consultation pour parrainer les candidats "représentatifs dans les sondages"
La consultation est ouverte aux Simianais dès aujourd'hui, mercredi 23 février, jusqu'au lundi 28 février inclus. Une urne a été placée en Mairie.
" Mon idée, c'est de recueillir l'avis de mes administrés. Il ne s'agit pas d'un vote, mais d'une consultation pour savoir à quel candidat je vais donner ma signature", explique Philippe Ardhuin, maire de Simiane.
L'édile a fait savoir que les candidats qui sont proposés sont ceux qui n’ont pas leurs 500 parrainages et qui sont représentatifs dans les sondages, à savoir Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, et Eric Zemmour.
"Je suis inquiet pour la démocratie"
Interrogé ce matin par nos confrères de France Info, le maire de Simiane, Philippe Ardhuin s'est dit inquiet pour la démocratie. "Quand vous avez des candidats qui font plus de 10% donc qui représentent des millions d'électeurs, le raccourci peut être facilement franchi par ces électeurs, par ces militants qui pourraient dire : "on nous a volé nos élections !" ; et là, je pense que l'on pourrait avoir des mouvements dans les rues qui seraient assez excessifs".
À la question, pourquoi ne prend-il pas lui-même sa décision, en parrainant sans avis l'un des trois candidats, le maire de Simiane se justifie : "un maire reçoit beaucoup de pression. Des pressions de ses administrés, des pressions, des partis, c'est-à-dire que l'on va mettre de suite une image politique sur le parrainage ; ce qui est faux puisque le parrainage ne vaut pas soutien comme l'a rappelé le Président de l'association des Maires de France".
Je vous le répète, ce n'est pas un vote, c'est une consultation.
Philippe Ardhuin, maire de Simiane
Problème, le Conseil constitutionnel le répète, le choix d'octroyer ou pas un parrainage doit être vraiment le choix d'un maire. Philippe Ardhuin pourrait craindre que l'ouverture de ce vote à la population soit invalidée.
Ce fut le cas dans la commune varoise de Sainte-Anasthasie-sur-Issole. Le maire avait voulu faire voter ses habitants pour désigner quel candidat parrainer à l'élection présidentielle de 2022. Jugée illégale, la démarche citoyenne avait été retoquée par le Préfet.
Philippe Ardhuin justifie encore : "Mais ça sera mon choix. Je consulte la population pour avoir un avis. (...) je parrainerai celui dont la population estime qu'il est le plus apte à les représenter ou non. Par contre je prendrai ma décision. Je vous le répète, ce n'est pas un vote, c'est une consultation".
Les candidats à l'élection présidentielle ont jusqu'au 4 mars les 500 signatures. Il leur reste 10 jours pour déposer au Conseil Constitutionnel leurs 500 parrainages d'élus, sésame obligatoire pour participer à l'élection présidentielle.
À ce jour, un peu moins de 10.000 élus ont accordé leur parrainage sur les 42.000 qui sont habilités à le faire.
Dans le Vaucluse, le maire de la Tour d'Aigues a appelé d'autres maires à le rejoindre pour tirer au sort les candidats auxquels ils donneront leur parrainage pour l'élection présidentielle.
"C'est un scandale démocratique" que plusieurs candidats, dont Marine Le Pen, Éric Zemmour ou Jean-Luc Mélenchon puissent ne pas être candidat faute de parrainage d'élus, a indiqué Jean-François Lovisolo sur France Bleu Vaucluse.