L'usine d'Alteo à Gardanne, leader mondial dans la production d’alumines, a désormais jusqu'au 30 août pour se mettre en conformité avec les normes environnementales. C'est la troisième fois que le délai est repoussé.
Deux mois, c’est le nouveau délai accordé à l’usine Alteo de Gardanne, pour respecter les valeurs limites de ses rejets liquides dans les eaux du Parc national des Calanques.
"Il s'agit d'un écart de deux mois qui ne constitue pas un dépassement exorbitant", a statué le préfet des Bouches-du-Rhône Pierre Dartout.
Une nouvelle tolérance, que le préfet justifie par le confinement : "On a considéré que les travaux avaient dû être interrompus en raison du Covid", a-t-il indiqué.
En janvier dernier, l’Etat avait déjà accordé un report de cinq mois (jusqu’au 8 juin 2020) à l’industriel qui trouvait l’échéance trop courte. Délai qui avait ensuite été à nouveau allongé jusqu'au 30 juin 2020.
Désormais Alteo a jusqu’au 30 août pour faire respecter les deux derniers paramètres sur lesquels elle est encore hors des clous: la demande biologique en oxygène (DBO5) et la demande chimique en oxygène (DCO).
Elle s'est déjà mise aux normes au niveau du fer, de l'arsenic, de l'aluminium et du niveau de pH de ses rejets liquides.
"Une pollution en mer et sur terre"
Alteo, leader mondial dans la production d’alumine de spécialité emploie près de 500 personnes à Gardanne. L’industrie est depuis des années sous pression des militants environnementaux.
Parmi eux, Olivier Dubuquoy, fondateur de l'association ZEA. "Alteo respectera les seuils légaux, mais continuera de rejeter des produits toxiques dans la mer, se désolait déjà avant ce nouveau report le militant, mais aussi sur terre".
Si les rejets liquides sont sous couverts de normes environnementales, la question des déchets solides n’est pas réglée.
"Alteo continue de stocker 350.000 tonnes de boues rouges chaque année, sur le site de Mange-garri à Bouc-Bel-Air, explique Olivier Dubuquoy, donc Alteo pollue deux éco-systemes, et l’Etat juge cette pollution acceptable".
"Le dernier espoir repose sur l’action juridique". ZEA a déposé début 2019 une plainte contre X, pour atteinte à l’environnement et mise en danger de la vie d’autrui.
Alteo en quête d'un repreneur
Les alumines de spécialité produites dans les Bouches-du-Rhône sont utilisées dans les matériaux de construction et dans les composants de produits high-tech comme les écrans de smartphone ou de télévision.
Placée en redressement judiciaire le 12 décembre 2019, à la demande de l'entreprise, suite à une "baisse brutale" de ses commandes, la holding avait affiché un chiffre d'affaires de 242 millions d'euros en 2018.
Depuis, Alteo est placée sous procédure de sauvegarde. Mais aujourd'hui, les administrateurs judiciaires ont lancé "un appel à partenariats et/ou recherche de candidats pour projet de cession". Les investisseurs intéressés ont jusqu'au 24 juillet pour déposer leur offre.