Témoignages. Coronavirus : "Du jour au lendemain, tout a basculé", raconte un pompier touché par le Covid-19

Publié le Mis à jour le Écrit par Jean Poustis

Deux sapeurs-pompiers des Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône) ont été touchés par le coronavirus Covid-19. Grosse fatigue, difficulté respiratoire, perte du goût et de l'odorat, ils ont vécu des jours très difficiles. De retour à leur caserne après cette épreuve, ils témoignent.

Olivier Piazzo a 45 ans, Gaétan Unal 29 ans. Sapeurs-pompiers, professionnel pour l'un, volontaire pour l'autre, au Service départemental d'incendie et de secours des Bouches-du-Rhône (SDIS 13) des Pennes-Mirabeau, les deux hommes ont repris, "non sans fatigue", il y a quelques semaines, leur garde à la caserne.

Au mois de mars, le 27 pour Olivier, le 29 pour Gaëtan, leur vie a basculé. Ils ont été testés positifs au Covid-19. Débarrassés depuis du virus, les deux hommes expliquent revenir de très loin.

"Je n'avais jamais connu ça de ma vie, l'impression de ne plus maîtriser mon corps", indique Olivier Piazzo.

"Du jour au lendemain, tout a basculé", reconnaît Gaëtan Unal.

Des symptômes différents

Père de trois enfants, âgés de 10, 18 et 21 ans, Olivier Piazzo a eu des premiers symptômes le week-end du 21 et 22 mars. Le pompier subit alors six jours de grosse fatigue.

"Je ne pouvais plus faire d'effort, il m'était difficile de bouger. Par contre je n'avais pas de problèmes respiratoires. C'était très bizarre, car j'ai l'habitude d'être toujours actif, sportif et là j'étais à plat".

Sous le conseil du Samu, Olivier décide alors de se faire dépister dans un laboratoire à Luynes, le 27 mars. Le test est positif.

De son côté, Gaëtan Unal, sapeur-pompier volontaire, travaille au SAMU, comme assistant de régulation médicale. Il répond aux appels du 15. Ses échanges quotidiens sont en général avec des patients touchés par le Covid-19.

Le 29 mars, Gaëtan ressent une grosse douleur thoracique, perd l'odorat et le goût. Il est rapidement évacué vers l'hôpital Nord de Marseille.

"Je connais le virus grâce à mon travail, alors dès que j'ai eu ces douleurs, je me suis dit : "Je l'ai". Après à l'hôpital Nord, ça ne s'est pas très bien passé, donc on m'a amené à l'IHU Méditerranée, où j'ai été testé positif le jour même", détaille le pompier.

Une guérison avec et sans traitement

Après ce test dans les services du professeur Didier Raoult, Gaëtan Unal se voit prescrire pendant dix jours, à partir du 1er avril le traitement à l'hydroxychloroquine.

"Pendant les deux, trois premiers jours après le début du traitement, j'ai eu quelques problèmes de souffle et des problèmes pour parler, mais après ça allait beaucoup mieux", affirme le pompier volontaire.

Confiné seul à son domicile, il n'a été en contact avec personne. Sept jours après le début du traitement, il est à nouveau dépister. Cette fois-ci, le test est négatif. 

De son côté, Olivier Piazzo est confiné chez lui par le Sdis 13. En raison de la maladie auto-immune de sa femme, il est isolé de ses proches pour éviter de les contaminer.

Mais le plus dur semble passer. Sans traitement particulier, Olivier met "deux-trois jours" pour s'en remettre.

"Cela a également été difficile sur la fin car j'ai perdu l'odorat et le goût. Après la phase physique, il y a eu la phase psychologique. Mais j'ai réussi à guérir".

Sa compagne également touchée

"Nous avons une grande maison, donc j'ai pu être mis dans une chambre. Mais ce n'était pas facile car dans le Sud on a l'habitude de se toucher, de s'embrasser, mais c'était primordial de respecter les gestes barrières".

Avant lui, sa compagne a probablement contracté la maladie. Aucune certitude, elle a finalement été testé négative 13 jours après ses premiers symptômes.

"Elle a eu des douleurs à la poitrine, des problèmes de souffle, mais finalement elle a été testé négative. Ca pourrait être un faux négatif, ça pourrait être elle qui m'a contaminé", avance Olivier.

Contaminer mais où ?

Les deux sapeurs-pompiers issus de la même caserne ont donc été contaminés par le Covid-19. Pourtant malgré leur lieu d'activité commun, aucun lien ne peut être établi entre les deux cas.

"Il est volontaire, moi je fais mes gardes une fois tous les trois jours. On se voit presque jamais et on ne s'est pas vu sur la période", rapporte Olivier Piazzo.

Gaëtan Unal en est lui persuadé. Il aurait été contaminé dans l'exercice de ses fonctions, "peut-être au SAMU".

"Je vis seul. Sur cette période, je n'ai rencontré du monde que dans le cadre de mon activité, alors j'ai pu l'attraper n'importe où".

La vie reprend son cours

Depuis les deux sapeurs-pompiers des Pennes-Mirabeau ont repris le cours de leur vie. Retour à la caserne et au SAMU 15 pour Gaëtan Unal après avoir été jugés aptes par la médecine du travail, puis par les pompiers.

"J'ai repris le 13 avril, je ne suis pas habitué à rester sans rien faire. Ca fait du bien de reprendre. Mais j'ai des sensations de fatigue, le physique n'est pas encore revenu", indique Gaëtan.

Le jeune homme ressent aussi toujours des douleurs aux poumons. Il doit passer des examens prochainement.

"Dès que je fais 20 minutes de sport, mes poumons sont emboucanés". Gaëtan Unal en est persuadé, "ce sont des séquelles du coronavirus".

Olivier Piazzo est lui revenu à la caserne depuis deux semaines. Comme avant le confinement, il travaille un jour sur trois pendant 24 heures.

Le sapeur-pompier intervient part à nouveau en intervention, comme dernièrement sur un "accrochage de la route sans trop de dégât".

"Mais depuis le jour où j'ai eu le virus, ce n'est plus pareil. Le physique n'est pas revenu, on y va plus doucement tout en travaillant de la même façon", déclare Olivier Piazzo.

Les deux pompiers mettront sûrement du temps avant de retrouver une pleine santé. Et plus que jamais, alors que s'ouvre la période de déconfinement, Olivier et Gaëtan espèrent que les gestes barrières seront repectés le plus longtemps possible. 
 
 
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