Le tribunal administratif de Marseille a condamné ce lundi l'Etat à dépolluer les friches désaffectées situées entre Mont Rose et Callelongue, sur le littoral sud marseillais, avant 2028. L'ancien site industriel de Legré-Mante, situé à la Madrague de Montredon, doit également être dépollué.
"C'est la condamnation à charge de l’Etat la plus importante jamais rendue en France en matière de remise en état de l’environnement". Maître Florent Tizot, avocat des associations de défense de l'environnement, se félicite de la décision rendue ce lundi 16 décembre par le tribunal administratif de Marseille. La justice condamne l'Etat à dépolluer l’ensemble des anciens sites industriels situés le long des calanques de Marseille avant 2028.
Vingt-neuf hectares de friches à dépolluer
"Vingt-neuf hectares à dépolluer dans la 2ᵉ plus grande ville de France, en plein cœur du parc national des Calanques, c'est historique !", souligne l'avocat.
⚖️ Le tribunal administratif de #Marseille condamne l’Etat pour défaut de mise en œuvre de ses pouvoirs de police sur les sites pollués sur le littoral sud et lui enjoint de prendre des mesures adaptées avant le 30 juin 2028 pic.twitter.com/J5TGVCISKc
— David Coquille (@DavidLaMars) December 16, 2024
En effet, l'Etat est condamné à dépolluer entièrement toutes les zones polluées situées entre Mont Rose et Callelongue, sur le littoral Sud de Marseille, dans un délai n’excédant pas le 30 juin 2028. Le tribunal administratif lui demande également de contraindre la société Ginkgo, propriétaire de l'ancien site industriel de Legré-Mante, situé sur la Madrague de Montredon, à dépolluer son site avant les 10 prochains mois.
Amiante, mercure, cuivre, zinc, arsenic, plomb, nickel...
"L'objectif a été atteint" selon les avocats des associations, celui de "faire reconnaître l’atteinte à l’environnement par la pollution historique du littoral Sud de la ville". Dans sa décision, "le juge revient longuement sur l’ampleur de la pollution affectant le littoral sud de Marseille, saluent-ils dans un communiqué de presse. Amiante, mercure, cuivre, zinc, cadmium, arsenic, plomb, nickel… autant de polluants retrouvés sur les toitures des bâtiments pour l’amiante, et dans les sols du site de l’ancienne usine de LEGREMANTE et de son crassier."
Au début du XIXe siècle, plusieurs usines industrielles ont été implantées le long du littoral Sud de Marseille dans le 8ᵉ arrondissement, depuis la Madrague de Montredon jusqu’à la calanque de Callelongue, en particulier sur les sites de la calanque de Samena et de l’Escalette.
Une usine produisant du plomb, du zinc et de la soude, mais aussi de l’acide sulfurique et tartrique était notamment située à la Madrague de Montredon, exploitée par la société Legré-Mante, jusqu’à sa fermeture en 2009. Par ailleurs, sur les sites des calanques de Samena, de l’Escalette et de Callelongue, des fonderies de plomb, usines de soudes ou d'acides et des fours à chaux ont également été exploités.
Pas d'indemnisations pour les riverains
Les avocats des associations et des riverains regrettent cependant que les habitants n'aient pas été pris en compte dans cette décision de justice. Le 7 novembre dernier, à l'audience, une vingtaine de riverains se disant victimes des pollutions industrielles historiques aux métaux lourds demandaient au juge d'être indemnisés. Mais la demande des riverains n'a pas aboutie.
"Le préjudice moral des riverains n'est pas reconnu, regrette maître Florent Tizot. Pourtant, les résultats des analyses des jardins des riverains ont démontré qu'ils étaient pollués, notamment au plomb." L'avocat se garde le droit de faire appel. De son côté, l'Etat peut également faire appel de cette décision. Attaquées, la Métropole et la ville de Marseille n'ont pas été condamnées.