Les oursinades de la Côte Bleue, dans les Bouches-du-Rhône, ont été annulées en raison de la crise sanitaire. Cette annulation pourrait-elle avoir un impact positif d'ici quelques années sur les stocks d'oursins ? Quels sont les facteurs environnementaux qui influent sur ces stocks d'oursins ?
Considéré comme le roi des coquillages, l'oursin est victime de son succès et du réchauffement climatique.
Sa population en Méditerranée diminue d'année en année.
Sa consommation est autorisée uniquement du 1er novembre au 15 avril.
Un goût à part
Véritable Madeleine de Proust marine, les fans de ce crustacé viennent des quatre coins de France chaque année pour participer aux oursinades.
Mais cette année, à cause de la pandémie, les oursinades sont annulées.
Peu importe, les habitués et les locaux sont là, prêts à parcourir des dizaines de kilomètres pour déguster son précieux corail.
Ils traquent le retour des bateaux de pêcheurs,
"Je me suis levée à 7h du matin pour venir ici et être la première", précise une cliente.
Un peu plus loin, un habitué confie : "C'est le goût de notre enfance, on a toujours mangé ça. On ne peut pas s'en passer".
Les fins gourmets n'ont presque pas de mot pour décrire l'effet du corail, teinté d'iode sur les papilles.
"À chaque fois que le corail rentre dans la bouche, il passe par le cerveau. C'est délicieux".
Une diminution inquiétante
Sur le port de Carro, sur la Côte Bleue, à une quarantaine de kilomètres de Marseille, la fête de l'oursin ne fait pas que des heureux.
William Tillet le pêche depuis 35 ans. Et chaque année, il accueille les oursinades sans enthousiasme.
Sa crainte : l'importance des prélèvements sur un stock qui va en diminuant au fil des années.
Cette année, pour ce pêcheur, l'annulation des fêtes de la mer liée à la pandémie, c'est plutôt de bon augure.
"Si cette année, il y avait eu les oursinades, on ne finissait pas la saison. Il a été compté entre 5000 et 20.000 douzaines d'oursins dans les oursinades. Après, il y a des oursins de Galice, de Norvège, d'Atlantique et il y a beaucoup d'oursins du braconnage", confie William Tillet, premier Prud'homme des pêcheurs de Martigues.
Selon les derniers comptages du parc Marin de la Côte Bleue sur une dizaine de sites, les biologistes confirment une baisse de densité des oursins depuis ces deux dernières années. En cause : la pêche oui, mais pas seulement.
"Il semble qu'il y ait actuellement une qualité moindre du plancton, qui est la combinaison du réchauffement climatique, avec un certain nombre de contaminants que l'on trouve dans l'eau. Cela veut dire que les larves d'oursins qui se nourrissent du plancton vont avoir des difficultés à faire la totalité de leur cycle de vie ", explique Frédéric Bachet, le directeur du Parc marin de la Côte Bleue.
Selon les scientifiques, la faible densité des petits oursins laisse présager une lente régénérescence des stocks. Car, pour atteindre la taille de consommable, il faut patienter entre quatre et cinq ans.