Les Hautes-Alpes comptent soixante et onze dentistes pour 100.000 habitants, c'est l'un des taux les plus bas de la région Paca. Pour y remédier, le département propose à des étudiants de venir faire leur stage de fin d'études dans les cabinets locaux.
Dans les Hautes-Alpes, mieux vaut ne pas souffrir d’une rage de dents. Le département compte 71 dentistes pour 100 000 habitants, c’est l’un des taux les plus bas de la région. “ll y a une désertification terrible, relate Benoit Courson, dentiste à Gap. Les délais sont hallucinants. On refuse dix à quinze patients par jours.” Depuis plusieurs années, il refuse les nouveaux patients.
"Des tests de territoire"
Pour faire venir de jeunes dentistes sur le territoire et assurer sa succession, Benoît courson accueille en stage Roxane Zolla, étudiante en dernière année de médecine dentaire à l’Université d’Aix-Marseille. Pour elle, c’est une sorte de test de territoire, pour savoir si elle pourrait s’installer à long terme dans le département des Hautes-Alpes.
“Ça fait envie, dit-elle. C'est vrai que par rapport à Marseille, ce n’est pas du tout le même rythme. À Marseille, j’ai été plusieurs fois victime de lapins de la part des patients, parce qu’ils peuvent prendre rendez-vous très facilement. Il y a tellement de dentistes là-bas qu’on peut planifier un rendez-vous sur Doctolib et ne pas se présenter. Ici, je n’ai eu aucun lapin en un mois et demi. C’est le bon côté.”
60 000 euros pour faire venir des étudiants
Pendant son stage, Roxane reçoit 200 euros de bourse pour le transport. Un logement est mis à sa disposition. “J’aurais rêvé de ça quand j’ai commencé il y a 36-37 ans, témoigne Benoit Courson. On voit la vraie vie : les patients, la gestion du cabinet, la gestion du personnel, etc.” Mais le dentiste reconnaît que la profession a changé depuis ses débuts : “les jeunes dentistes ne souhaitent plus travailler autant que nous. Ils s’installent avec un conjoint, l’enjeu, c'est aussi que cette personne trouve un emploi sur le territoire.”
Le département des Hautes-Alpes consacre 60 000 euros par an aux aides destinées aux étudiants dentistes, et à la communication pour séduire les jeunes praticiens.
Rendre le territoire séduisant
“La difficulté, c’est de faire preuve d’imagination, explique Françoise Pinet, conseillère départementale déléguée à la démographie médicale. Parce que je crois que tous les départements font des actions de ce type. Nous, on a de la chance d’avoir un département ensoleillé, montagnard, donc je pense qu’on a des atouts qui peuvent plaire à certain des étudiants”
Avant les dentistes, le dispositif avait permis l'installation de 15 médecins généralistes, sur les 70 venus en stage. Le docteur Courson prendra sa retraite dans moins de trois ans, il cherche toujours celui ou celle qui s'occupera de ses patients.
Avec Lucie Robert et Fabien Madigou / FTV
