Une dizaine de maisons et plusieurs commerces ont été endommagés par des torrents de boue dans trois communes des Hautes-Alpes. Pour les sinistrés, l'heure est à nettoyage et à la constatation des dégâts.
"Non seulement le camping a été ravagé, mais notre maison également". Double peine pour ce gérant de camping à Guillestre, joint par téléphone ce lundi matin. Il n'a pas le temps de nous parler, trop occupé à organiser la remise en état de son habitation. "Heureusement, nous avons de l'aide".
Trois communes des Hautes-Alpes ont été durement touchées par les intempéries. Risoul, où un torrent de boue a littéralement traversé la mairie, Guillestre et Chateauroux-les-Alpes. Selon la préfecture, onze maisons sont désormais inhabitables et trois commerces totalement inexploitables.
Un supermarché envahi par la boue
C'est le cas du supermarché que gèrent Julien Gonsolin et sa femme à Guillestre. Le sol et les étagères sont maculés de boue. Vendredi, le torrent voisin, le Palps, sort de son lit charriant des tonnes de boues. Un mur à l'arrière du magasin cède sous la pression d'un torrent. "Les marchandises ont été emportées vers le parking. On en a retrouvé dans les champs plus bas."
Plusieurs mois de travail se retrouvent ensevelis sous une couche de boue de cinquante centimètres. "Tous les meubles de caisse sont à jeter, les outils informatiques et les monnayeurs aussi", énumère Julien. Il est pour l'instant incapable de chiffrer précisément les dégâts. "C'est une catastrophe. Pour l'instant, on est dans l’action, on n’a pas le temps de l’émotion."
Impossible également de savoir quand l'abattoir des Hautes Vallées, situé à moins de trois kilomètres de là, pourra rouvrir ses portes. "J'y étais vendredi. On a vu le torrent à côté, la Chagne, se gonfler de manière anormale. On a évacué quand la digue a cédé", raconte Bernard Leterrier, membre du conseil d'administration de l'abattoir.
Le quai de chargement est complètement détruit et la boue a envahi le bâtiment. Les prochains jours, Bernard prévoit de se consacrer au nettoyage. Il est inquiet pour la suite. "L'abattoir est construit sur la digue. Est-ce qu'elle est toujours stable ?"
Zacchary Altomarre lui, ne sait pas quand il pourra récupérer sa voiture, abandonnée vendredi soir sur la route qui mène à Risoul, au bord d'une crevasse formée par un glissement de terrain.
Trois jours après les intempéries, le jeune saisonnier originaire de Creil, dans les Haut-de-France, se rend compte que sa sortie pour faire les courses, vendredi soir, aurait pu tourner au drame.
"On aurait pu y laisser notre vie"
"Avec mon collègue, on n'avait pas vu les infos, alors on a pris la route depuis Risoul pour Guillestre. On a fait demi-tour quand un énorme rocher, de la taille d'une voiture, est tombé à quelques mètres de nous". Mais il était déjà trop tard.
"La route était coupée vers le haut, vers le bas, on est rentrés à Risoul en jogging et baskets, en marchant dans une eau à zéro degré." Après 1h30 d'effort, les deux amis arrivent finalement sains et saufs.
Zacchary admet son imprudence : "J'aime les sensations fortes, je voulais faire des vidéos. Heureusement que mon collègue m'a convaincu de faire demi-tour. On aurait pu laisser notre vie sur cette route."
La route est toujours fermée pour éviter de nouveaux accidents. Les pelleteuses sont toujours en action pour déblayer les 28 000 tonnes de gravats qui ont envahi la station de moyenne montage. Objectif : permettre l'ouverture de la station de ski à la date prévue, le 16 décembre prochain.