Réchauffement climatique : comment un plan de résilience veut sauver le lac de Serre-Ponçon

Le réchauffement climatique les menace. Pour protéger les professionnels du tourisme du lac de Serre-Ponçon, les autorités ont un plan. Dévoilée officiellement ce jeudi à Gap, cette stratégie doit permettre à l'activité économique de s'adapter à la sécheresse.

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C'est un véritable plan de sauvetage de l'économie du lac. Ce jeudi 2 novembre est présenté à Gap, le "plan de résilience de Serre-Ponçon", le fruit d'une année de réflexion et de consultation publique ayant un seul objectif : s'adapter pour faire face au réchauffement climatique.  

À la manœuvre, le SMADESEP, le Syndicat Mixte d'Aménagement et de Développement de Serre-Ponçon, qui gère la retenue et ses rives. Cet établissement public qui regroupe le Conseil départemental des Hautes-Alpes et les communautés de communes, s'est penché sérieusement, dès octobre 2022, sur les conséquences du réchauffement climatique, traumatisé par l'épisode aigu de sécheresse que le lac avait connu cet été-là.

L'alerte de 2022

"Ce fut un gros coup pour nous, mais les marins d'eau douce que nous sommes, avons su être réactifs" se souvient avec humour Victor Bérenguel, président du SMADESEP et maire de Savines-le-Lac, qui décrit fin août 2022 une "situation catastrophique, avec une baisse de 17 mètres du niveau de l'eau et une chute de 40% de chiffre d'affaires pour une centaine de professionnels". 

En effet, durant cet été aride, la cote de compatibilité touristique a été franchie, à savoir le niveau d'eau en dessous duquel l'exploitation du lac devient difficile. Les stocks du barrage se retrouvaient presque à sec avec interdiction de puiser dans les réserves destinées aux agriculteurs pour irriguer leurs terres en cas de grande sécheresse. Seule solution, en urgence : aménager les berges, créer des ports et des plages, rallonger les pontons, pour rapprocher le lac des baigneurs et de ses autres usagers. Ainsi, les professionnels du tourisme de Serre-Ponçon ont réussi à tenir le coup jusqu'au 15 août, sauvés in extremis de la noyade, mais des leçons devaient être tirées de l'expérience. 

De l'urgence aux solutions durables

Même si la saison estivale 2023 fut plus sereine, les spécialistes alertent bel et bien sur un risque de sécheresse chronique et les enjeux économiques sont trop importants dans les Hautes-Alpes et la vallée de l'Ubaye pour que les élus restent les bras croisés. "Autour du lac, 1 500 emplois sont en danger, pour un bassin de population de 16 000 habitants, c'est énorme" explique Christophe Piana, directeur du SMADESEP, faisant référence aux 17 communes du territoire élargi autour de cette retenue d'eau artificielle. Il a donc fallu convaincre les décideurs de la nécessité de s'adapter de manière durable.

Repenser l'aménagement des rives

"Le plan de résilience que nous avons élaboré s'articule autour de trois axes ", explique Christophe Piana, qui détaille : "s'adapter à des niveaux du lac plus bas, décarboner l'économie touristique et diversifier l'économie lacustre, en développant des activités qui s'affranchissent du niveau d'eau". Comme exemples d'activités nouvelles, Christophe Piana cite un chantier naval ou une ferme piscicole. Partout, le long des 92 km de rives, les aménagements devront être repensés pour faire face aux prédictions.

"Selon les scientifiques, le scénario serait à l'avenir de deux années de sécheresse sur une période de 10 ans", indique Victor Berenguel, "et nous sommes sur un lac artificiel, donc tributaires des apports d'eau, issus de l'enneigement et des pluies. Il faut anticiper. "

32 millions d'euros sur la table

Le "Plan résilience" présenté au Préfet ce jeudi ne compte pas moins de 90 projets nécessitant une enveloppe de 32 millions d'euros. Des projets qui devraient éclore progressivement d'ici cinq ans, abondés par les départements, les communautés de communes et l'État.

Les riverains comptent fermement sur l'appui du président de la République lui-même. Tous ont en mémoire la visite présidentielle d'Emmanuel Macron, qui s'est rendu en mars 2023 à Savines-le-Lac avec, dans sa besace, un "plan eau" des plus ambitieux. "Notre mission est d'être visionnaires, en nous adaptant, c'est ce que nous faisons", conclut Victor Bérenguel, " tout en restant fidèles à ce qu'ont bâti nos aïeux en construisant ce barrage, mais aussi à la mémoire des habitants disparus."

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