Le dernier livre de Pierre Rigaux est un nouveau plaidoyer contre la chasse. Dans "Pas de fusils dans la nature : les réponses aux chasseurs", le naturaliste anti-chasse évoque aussi les problèmes de cohabitation avec les chasseurs. Il rapporte une rencontre à risque dans les Hautes-Alpes.
Le naturaliste Pierre Rigaux a longtemps habité dans les Hautes-Alpes. Au cours de ses nombreuses sorties dans la nature, il a souvent croisé des chasseurs. Et vécu quelques grosses frayeurs. Il raconte l'une d'entre elles dans son dernier livre "Pas de fusils dans la nature : les réponses aux chasseurs".
Nez-à-flèche avec un archer
"Un jour où je marchais lentement et le plus silencieusement possible, dans un étroit vallon forestier plein de buissons, je me suis tout à coup retrouvé nez-à-flèche avec un archer, arc tendu, pointé sur ma face.écrit-il.Se promener dans la forêt en présence de chasseurs nous met en danger de mort. Tout le monde le sait.
"C'était il y a quelques années, mais ça peut arriver à tout le monde et à tout moment quand on se promène en forêt, dénonce-t-il, ils sont camouflés et silencieux, et c'est la surprise".
Pierre Rigaux n'a pas le choix. Pour observer la faune au plus près, le naturaliste brave le danger tous les jours en saison de chasse. Il a acquis les bons reflexes pour limiter les risques. "Dans les battues, ils sont nombreux et ne s'éloignent pas trop des voitures, il faut écouter les clochettes des chiens et on sait où ils sont", dit-il avec expérience.
S'habiller pour être visible
"Je m'aventure beaucoup dans des endroits isolés, à toute heure, parfois au crépuscule et c'est plus dangereux avec les chasseurs en individuel, comme les chasseurs de chamois, ils sont camouflés, seuls et silencieux."Etre visible"... Un "conseil" qu'un chasseur a encore donné à Pierre Rigaux, il y a quelques jours dans les Alpes du sud, où il réside. Le dialogue enregistré sur son téléphone est courtois mais surréaliste. Et effrayant.Il n'y a aucun moyen de les repérer. On est obligés de faire du bruit et de s'habiller pour être visible...
"Je tombe nez-à-nez avec ce chasseur camouflé et sa carabine à silencieux. Le naturaliste rapporte l’échange. « Nous on nous oblige à avoir des tenues orange fluo comme ça… pourquoi les promeneurs non ?
Lorsque la chasse est ouverte pourquoi les promeneurs ne mettent pas une veste orange, un polo orange... je ne dis pas que ce n’est pas aux chasseurs de faire attention, mais par exemple vous, habillé en noir comme ça, je trouve que c’est un peu irresponsable. (…)
Vous êtes en train de me dire que tous les promeneurs qui vont en forêt, dans la montagne, dans la campagne devraient s’habiller avec une tenue visible pour ne pas se prendre une balle ? "
Un jour sans chasse
Qu'on ne s'y trompe pas, si Pierre Rigaux "cohabite" par obligation avec les chasseurs, l'enjeu pour lui est tout autre."C'est à terme qu'il n'y ait plus d'autorisation de chasser", tranche-t-il. C'est une pratique anachronique, qui n'est plus d'actualité en France pour des raisons éthiques et écologiques. Il faut surtout faire pression pour que la chasse disparaisse. 80 % des Français n'aiment pas la chasse".
"A court terme, il faut agir pour les chasseurs aient moins de pouvoir, qu'ils ne puissent pas chasser partout sur le domaine public, insiste Pierre Rigaux qui prône aussi une réduction de la période de chasse et l'instauration d'un jour de semaine sans chasse.
Si les accidents de chasse concernent principalement des pratiquants, les non-chasseurs ne sont pas épargnés. Lors de la saison 2017-2018, 3 morts et 17 blessés non-chasseurs ont été recensés.