Jean-Claude Mas admet avoir utilisé des gels de silicone non agréés, tout en les jugeant non toxiques, selon son avocat
Le Cannet : Témoignage porteuse PIP
C'est l'une des 30.000 porteuses de prothèses PIP en France. A la suite d'un cancer, Brigitte a eu recours en 2008 à la chirurgie réparatrice. Désormais, elle sait que ses prothèses sont défectueuses. Depuis, elle ne vit plus..
Jean-Claude Mas, fondateur de la société varoise de prothèses mammaires PIP, admet avoir utilisé des gels de silicone non agréés, tout en les jugeant non toxiques, a dit son avocat, qui ajoute que son client se trouve en ce moment à son domicile.
"Il est chez lui, dans le Var, il n'est pas en fuite du tout. D'ailleurs il n'arrive pas à marcher puisqu'il vient de se faire opérer", a dit Me Yves Haddad à l'AFP à propos de son client qui souffre notamment de problèmes veineux et qu'il décrit comme un homme de 72 ans au "corps usé".
Dans l'immédiat "il ne souhaite pas s'exprimer" publiquement. "Depuis deux ans que cette affaire a éclaté, il n'a jamais parlé, par respect pour la souffrance des gens et du fait de la procédure en cours".
Par la voix de son avocat cependant, Jean-Claude Mas admet avoir utilisé du gel de silicone non agréé, tout en affirmant son innocuité.
PIP utilisait deux types de gels de silicone, explique Me Haddad : le gel américain Nusil, autorisé, mais aussi un gel PIP de fabrication artisanale, cinq fois moins cher pour l'entreprise confrontée depuis le milieu des années 2000 à des difficultés financières et une forte concurrence.
Pour l'avocat, ce gel PIP était "un gel alimentaire acheté sur le marché français, qui remplissait les mêmes caractéristiques chimiques que le produit Nusil".
"PIP savait qu'il n'était pas en conformité mais ce n'était pas un produit nocif", dit le défenseur de Jean-Claude Mas. "Le caractère irritant, cela concerne tous les gels de silicone". Quant au risque accru de rupture de prothèse relevé par l'Afssaps (agence du médicament française), "ce n'est pas démontré", ajoute-t-il.
L'avocat admet qu'en 2000 un représentant de la FDA (l'agence du médicament américaine) était venu dans le Var "pour attirer l'attention de PIP" sur certains problèmes. Mais le problème alors n'était pas celui du gel, mais "la solidité de la poche, une tendance à la rupture", dit Me Haddad.
A la suite de cette inspection, PIP n'avait plus été autorisé à vendre aux Etats-Unis.
Pour Me Haddad, son client "était attiré par le commerce et l'innovation".
Jean-ClaudeMas, diplôme universitaire d'études scientifiques (ancêtre du Deug) en poche, travailla d'abord une dizaine d'années comme délégué médical de la société Brystol-Myers, raconte son avocat.
Puis il rencontra dans les années 70 un chirurgien esthétique toulonnais parmi les premiers à mettre au point en France des prothèses mammaires, à base de sérum physiologique. Une aventure professionnelle commune qui se poursuivit jusqu'à ce que Jean-Claude Mas fonde en 1991 sa société, PIP, poursuit Me Haddad, démentant que son client ait dans sa carrière pu être charcutier ou négociant en vins.
Le parquet de Marseille a ouvert une enquête préliminaire début 2010 après une alerte de l'Afssaps sur le mode de fabrication des prothèses PIP.
Depuis, les enquêteurs ont entendu une quinzaine de personnes, dont Jean-Claude Mas deux fois, la dernière en octobre. Un procès est prévu fin 2012 pour "tromperie aggravée".
Par ailleurs une information judiciaire a été ouverte pour "homicide involontaire".
Peu après, le gouvernement a recommandé "à titre préventif" le retrait des prothèses PIP portées par quelque 30.000 femmes.
Neuf cas de cancers ont été signalés chez des femmes ayant eu des prothèses PIP, mais sans qu'aucun lien de causalité ne soit établi.