Mercredi 25 septembre, l'Europe a donné son accord à une réduction des conditions de protection du loup. Une décision, qui doit encore être approuvée, attendue par les éleveurs, mais décriée par les associations de défense de l'environnement.
Un vote qui fait grand bruit. Alors que cinq associations ont saisi le Conseil d'Etat au mois de septembre contre la régulation du loup en France, l'Union européenne a fait le premier pas pour diminuer les mesures de protection du prédateur, en faisant adopter une proposition au Conseil de l'Europe le 25 septembre. L'objectif serait de passer d'une "protection stricte" à une "protection simple" et d'abattre plus facilement les animaux lorsqu'ils seront jugés trop nombreux dans un secteur.
"C'est extrêmement grave et inquiétant, alerte Muriel Arnal, la présidente de l'association de défense des animaux One Voice. La biodiversité s'effondre et le loup est important pour la protéger, par exemple, dans la Drôme, il y avait une surpopulation de sangliers, et les loups ont permis de les réguler".
La décision scandaleuse de rabaisser le niveau de protection du loup crée un dangereux précédent en termes de conservation des espèces & laisse présager un avenir écologique très sombre, en pleines crises climatique et d’effondrement de la #biodiversité.https://t.co/fNczFhpxQX
— ASPAS (@ASPASnature) September 25, 2024
En 2023, 207 loups avaient été abattus légalement dans l'Hexagone selon l'association FERUS, sur une population estimée à 1100. Parmi eux, la majorité a été tuée en région PACA. Pourtant, selon Muriel Arnal, des solutions efficaces existent pour empêcher les attaques.
"Il faut des clôtures spéciales, plusieurs chiens et la présence d'un humain. Ce sont des mesures qui sont prises en charge par l'Etat pour les éleveurs en présence de loups. Il n'y a pas d'attaque quand les élevages sont correctement protégés." Elle pointe aussi les confusions avec les attaques de chiens errants, parfois attribués à tort au loup.
La décision européenne a été, à l'inverse, bien accueilli par Edouard Pierre, ancien président des Jeunes Agriculteurs des Hautes-Alpes et référent national sur les questions de prédation. "C'était une de nos demandes, au vu de la pression du prédateur, confirme l'éleveur. Dans les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes, on constate une augmentation des attaques sur des bovins."
Son syndicat et la FNSEA demandaient une évolution des politiques européennes depuis plusieurs mois. Selon lui, les éliminations de loups doivent être rendues plus faciles. "C'est un premier pas, il faut voir la latitude d'actions qui sera laissée aux Etats. On ne demande pas l'extermination de l'espèce. Les mesures de protection des troupeaux sont de moins en moins efficaces face à l'augmentation du nombre d'individus."
Si l'Union européenne donne son feu vert, la mesure n'est pas encore applicable. Elle doit pour cela être approuvée dans la convention de Berne, un accord contraignant signé par 49 pays et par l'UE pour protéger le patrimoine naturel européen.