Entre Istres et Miramas, un domaine cultive, en plus du raisin, de l'orge et du houblon bio. Les bières artisanales de ce micro-brasseur provençal s'inscrivent dans une démarche authentique et écologique : l'histoire de deux jeunes qui ont commencé à brasser « comme hobby, pour déconner ».
Julien Gondard et Guillaume David ne brassent pas de l’air : à 32 ans, ces entressenois quittent l'industrie aéronautique et l'immobilier pour se lancer dans la micro-brasserie. Ils sont accueillis depuis 2013 dans une bergerie sur les 500 hectares du domaine de Sulauze, entre Istres et Miramas. L'agriculture, entre la plaine de la Crau et l'étang de Berre, est plus que biologique : elle fait appel à certaines méthodes de biodynamique, qui consiste à intégrer la flore et la faune sauvage et reconstituant un paysage riche et diversifié.
"Sournoise" ou "Ta mère nature"
Prénommées « Sournoise », « Oaï », « L'iglou », « Ta mère nature », ce sont en tout 18 cuvées que ces deux autodidactes ont élaborées. Ils étonnent par leurs breuvages techniques : bières acides, à la coriandre, à la fleur de sel de Camargue ou encore de saison brassée une fois par an. Cette dernière cuvée est élaborée à partir d’une production locale, fait unique en Provence, d'autant que le houblon « a besoin d'eau, et pas de vent » se lamente Guillaume, l'un des associés.De la bière sur une terre de pastis
Le Sud, terre de rosé et de pastis, est pourtant friand de cette boisson. La France est le 26ème consommateur de bière de l'UE mais la tendance est à la hausse depuis 2015 grâce aux bières de spécialité, comme celles d'abbaye ou de micro-brasseurs.explique Guillaume David à nos confrères de l'Agence France Presse.En termes de bières artisanales, c'est surtout du côté de l'Italie que ça bouge beaucoup en ce moment, ils ont cinq ans d'avance sur la France"
Goliath s'intéresse à David
Avec 500 000 litres par an, non filtrés et non pasteurisés, dont 1 000 litres à partir des céréales du domaine, la production de la micro-brasserie Sulauze reste confidentielle. Elle correspond à peine à 0,5% de celle de la brasserie industrielle de la Valentine, construite au XIXème siècle et opérée par Heineken. Les géants de la bière essayent de se positionner sur le segment de la bière artisanale. En 2015, le Néerlandais Heineken avait ainsi racheté des brasseries de taille moyenne en Slovénie, aux Etats-Unis, en Jamaïque et en Malaisie... et bientôt en France ?
confesse Julien Gondard, dont l'associé est délégué régional du syndicat. Les brasseurs indépendants, qui sont 800 en France, ont décidé de créer cette année leur propre fédération pour défendre leurs intérêts plutôt que ceux des groupes industriels.Le syndicat national des brasseurs indépendant est pour nous l'occasion de fédérer nos actions contre les multinationales. Mais nous ne sommes pas assez gros pour être rachetés. Nous ne le souhaitons d'ailleurs pas "