Après un confinement en début de saison pour les horticulteurs, ce reconfinement arrive juste avant les fêtes, propices à l'achat de plantes et de fleurs pour égayer l'hiver. Les horticulteurs des Alpes-Maritimes et du Var sont parfois contraints de jeter leurs plantes, faute de pouvoir les vendre.
"On ne voit plus personne", se désole Laurent Allavena, horticulteur à Antibes dans les Alpes-Maritimes. Depuis l'annonce du reconfinement, son magasin d'horticulture est plutôt désert. "On a encore quelques commandes à livrer mais d'ici 15 jours, on aura fini notre saison", nous annonce -t-il.
Il précise que la saison s'étend habituellement jusqu'aux fêtes de fin d'année.
Les horticulteurs de la région souffrent particulièrement de ce deuxième confinement. Si le premier était survenu en plein début de saison, ils avaient pu rouvrir quelques semaines plus tard. Cette fois, la donne a changé.
Pour ceux qui ont pour habitude de vendre à des particuliers, les ventes sont réduites à quasiment néant.
Si d'habitude ils veulent fleurir leur jardin, cette année ils préfèrent économiser leur argent vu la conjoncture,
Et pour ceux qui vendent à des grossistes, ces ventes n'ont plus lieu d'être maintenant que la grande distribution a fermé ses rayons de produits "non-essentiels".
200 000 étoiles de Noël à vendre
Olivier Ottenwaelder est horticulteur à Fréjus et secrétaire général du syndicat FNPHP (Fédération Nationale des Producteurs de l'Horticulture et des Pépinières). Il fait partie de ceux qui fournissent les grossistes. Il y a 6 mois, il a lancé la culture de 200 000 poinsettias, aussi appelées "étoiles de Noël". A cause du confinement, il ne sait pas encore si ses pots seront vendus. "Si ce n'est pas vendu pour Noël, on va devoir les jeter", regrette-t-il.La vente des étoiles de Noël en grande distribution se fait généralement entre le 20 novembre et le 15 décembre. Avec les rayons jardinerie fermés (au moins) jusqu'au 1er décembre, cette année s'annonce plutôt mal pour lui. "On fait environ un tiers de notre chiffre d'affaires entre novembre et décembre donc oui, on est un peu inquiet", commente-t-il avec une pointe d'ironie.
Il ne peut pas pas vraiment se rabattre sur les ventes aux particuliers ou en click and collect.
Il y a beaucoup moins de gens qui viennent et ceux qui viennent n'achètent pas parce qu'ils ont peur de se prendre une amende si on les voit sortir avec une plante.
70 000 euros de perdus lors du 1er confinement
Lors du premier confinement, Olivier Ottenwaelder a jeté "pour 70 000 euros de plantes". Il a réussi à rattraper ses pertes grâce aux gens venus nombreux lors du déconfinement en mai, juin et juillet pour acheter des plantes. Mais il semble craindre que ce genre de miracle ne se reproduise pas.On vit une double peine : on doit travailler parce qu'on est dans le produit vivant mais on n'est pas sûr de vendre.
Une crise sans pareille
Sans vente dans les jardineries (désertées ou fermées), ni à la grande distribution (forcée de fermer ce rayon), les horticulteurs ont vu leur "marché s'écrouler d'un coup". Olivier Ottenwaelder a déjà vécu des difficultés en 30 ans de carrière, tempêtes, inondations, maladies, mais jamais une crise "à ce niveau-là".Et d'après Laurent Allavena, ce n'est pas près d'être terminé. "On ne voit pas le bout du tunnel", souffle cet horticulteur d'Antibes. Il craint que "le tsunami arrive au printemps". "Les gens n'auront plus assez d'argent pour acheter des plantes", prédit-il. Il prévoit déjà de produire "30 à 40% en moins pour avoir moins à jeter".
Une baisse qui aura forcément des répercussions proportionnelles sur ses revenus.