L'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir vient de publier une étude afin de dénoncer l'ampleur du gaspillage en eau potable en France. La région Paca parmi les plus mauvais élèves.
La sécheresse de l'été 2022 est encore dans toutes les têtes. La crainte que le phénomène perdure aussi. L'été dernier, près de 1 000 communes ont dû être approvisionnées en eau potable comme à Sault dans le Vaucluse. Il est donc urgent d'agir.
Un constat national alarmant
En France, 1 litre d'eau potable sur 5 litres distribués se "volatiliserait" dans les réseaux de distribution. Au niveau national, cela représente 1 milliard de m3 d'eau potable perdu par an !
Les responsables ? Principalement, les fuites dans ces circuits de distribution. La solution est alors simple et évidente : rénover ces réseaux.
Sachant que la durée de vie d'une canalisation est comprise 50 et 80 ans selon le type de matériau utilisé, les Assises de l'Eau avaient fixé comme objectif, en 2019, le renouvellement complet du réseau national. Il s'effectue actuellement à la vitesse de 0,67% par an. Pour le changer entièrement, il faudrait 150 ans !
L'association de défense des consommateurs UFC-Que choisir vient de publier une étude de grande ampleur afin de sensibiliser le public et de "faire pression sur les pouvoirs publics pour un véritable plan de renouvellement des réseaux".
Cette enquête est basée sur les données de l'Observatoire National des Services Publics d'Eau et d'Assainissement.
La région Paca, parmi les plus gros gaspilleurs
En-tête, du classement national des départements, les Hautes-Alpes ont un taux de fuites de 40,3%.
Presque 1 litre d'eau sur 2 litres distribués disparait. Juste derrière, à la deuxième place, les Alpes-de-Haute-Provence avec 34,6% de fuite. Le Vaucluse pointe à la 8e place.
Depuis le Grenelle de l'environnement de 2012, les collectivités doivent publier leurs niveaux de fuite et de remplacement de leurs canalisations d’eau potable.
Le Grenelle avait fixé également un seuil de perte maximum de 15%, considéré comme "atteignable et économiquement réaliste".
L'eau distribuée à Cagnes-sur-Mer : 1 litre perdu sur 4
Du côté des mauvais élèves, on trouve Cagnes-sur-Mer à la 11e place dans le classement national par villes, avec 25,9% de fuites. Soit un gaspillage d'un litre sur 4 litres distribués.
Là encore, c'est un problème d'état des canalisations. La gestion de l’eau de la ville a été reprise en régie par la Métropole Nice Côte d’Azur depuis 2020. C'est à ce moment-là, qu'un diagnostic précis a été effectué et le constat sans appel : le réseau est vétuste.
Depuis la reprise en régie par la Métropole, le réseau a été renouvelé à hauteur de 1,2% soit plus que l'objectif fixé par l’Agence de l’eau.
Métropole Nice Côte d'Azur
Si Rome ne s'est pas fait en un jour, le changement d'un réseau de distribution d'eau potable d'une ville de 50 000 habitants non plus. Les travaux se font au rythme du temps administratif et financier des collectivités locales. Par exemple, en 2021, des travaux ont été réalisés dans la montée de la Bourgade. Les canalisations qui alimentent 72 abonnés, dataient de 1930, soit près d'un siècle !
Cagnes-sur-Mer serait donc tout simplement en retard. Reste à savoir à quel rythme la ville va pouvoir réaliser tous les travaux nécessaires.
Fréjus : l'eau "en sécurité"
Chez les bons élèves, la ville de Fréjus affiche une belle 4e place. Son taux de fuite est de 2,1% un taux extrêmement rare. Mais à Fréjus, les pouvoirs publics n’ont pas attendu les Grenelle pour s'inquiéter des ressources en eau. La canicule de 2003 et ses incendies ont suffi à secouer les consciences et à motiver la communauté d'agglomération varoise à passer à l’action.
Depuis 20 ans, des investissements colossaux sont réalisés. Montant total : 100 millions d’euros. Cela concerne le réseau, 3 réservoirs et la création d’une nouvelle usine d’eau potable au Muy d’un montant de 15 millions. Cette dernière a permis de faire passer le débit de 200 litres/secondes à 680 litres/seconde.
Lorsqu’on refait des voies, des impasses ou des avenues, on vérifie l’état des réseaux, et on réalise les travaux nécessaires. Nos réseaux sont très étanches.
Gilles Longo, adjoint au maire de Fréjus et Vice-président du Syndicat de l'Eau du Var Est
Gilles Longo, le Vice-président du Syndicat de l'Eau du Var Est, le SEVE, précise également qu'à chaque fois que "lorsqu'on refait des voies, des impasses ou des avenues, on vérifie l'état des réseaux , et on réalise les travaux nécessaires". L’adaptation au changement climatique a un cout. L’eau est plus chère. Exemple la différence entre le coût d’agglo et pays de Fayence
On sécurise la population en eau. On connait déjà tous les travaux à réaliser dans les 4 prochaines années et on est tranquille pour les 25 ans à venir.
La communauté d'agglomération de Fréjus et Saint-Raphaël, possède les droits d'eau de 8 alimentations en eau.
- Le canal de Provence
- Le Verdon
- Le lac de Saint Cassien
- L'Argens
- 3 forages dans la plaine de l'Argens
- La Siagnole.
Esterel Côte d'Azur Agglomération n'utilise pour l'instant qu'un quart des possibilités de ces alimentations et alimentent en eau 350 000 personnes. Malgré cette "sécurité", la communauté d'agglomération poursuit des recherches afin de trouver d'autres ressources en eau.
Il y a quelques mois, à une centaine de mètres de profondeur, une nouvelle nappe phréatique a été découverte.
Autre moyen d'inciter à la réduction de la consommation d'eau, faire payer plus cher le m3 d'eau potable aux plus grands consommateurs d'eau, c'est-à-dire ceux qui utilisent plus de 100m3 par an.