Dans le Var, l'île de Porquerolles n'a pour l'instant pas d'accès direct à l'eau potable. La situation devrait changer dès l'année prochaine avec la finalisation du projet de canalisation sous-marine Sealine.
Il est 7 h sous le soleil levant de la plage de la bergerie, à Hyères (Var). Une longue journée commence pour l'équipe du chantier du projet Sealine. Leur objectif du jour : raccorder 400 mètres de conduite à celle déjà déposée au large des côtes hyéroises.
La première étape consiste à souder deux tronçons de 200 mètres chacun. "Il n'y a pas d'apport de matière, on fait juste réchauffer les tubes pour les refusionner. Une fois que le tube a refroidi, il retrouve toutes ses caractéristiques mécaniques. Et ça tient", détaille Grégory Fleck, soudeur spécialisé en polyéthylène haute densité.
Avant de les mettre définitivement à l'eau, il faut effectuer une dernière vérification de résistance. En guise de test, une pompe embarquée à l'autre extrémité de la conduite va envoyer de l'eau de mer. "On va fermer la vanne et on va faire monter la pression jusqu'à 16 bar. On va maintenir la pression une vingtaine de minutes pour valider le tronçon", indique Thomas Raynal.
Un chantier d'envergure
Le responsable du chantier poursuit : "c'est un chantier exceptionnel de par sa longueur. On a 5.300 mètres de canalisation à poser entre Porquerolles et la tour fondue [un ancien fortin, situé au sud de la presqu'île de Giens, NDLR]".
A l'horizon 2024, cette canalisation sous-marine devrait raccorder l'île, petit paradis de 12 km², plus grande des trois îles situées au large d'Hyères, au réseau d'eau potable.
Actuellement, Porquerolles possède une seule source d’approvisionnement naturelle en eau : un réservoir de 1.000 mètres cubes alimenté par les forages. Une nappe phréatique qui peut répondre aux besoins des 200 résidents qui y vivent l'hiver. Mais l'été, avec les nombreux touristes qui affluent et les variations de la pluviométrie, l'île est obligée de faire venir de la côte un bateau-citerne.
Un travail sous l'eau
Revenons à notre nouveau tronçon de 400 mètres. Celui-ci est maintenant tiré par des bateaux vers le large. Non loin de là, des scaphandriers s'apprêtent à prendre la mer. La seconde partie de l'opération repose sur eux.
"On a deux plongeurs à l'eau qui s'occupent de couler la conduite, de la raccorder avec la précédente et de la sécuriser temporairement avec du cordage au fond. Une fois que cette opération est finie, la deuxième et la troisième équipes pourront y aller pour commencer a mettre les colliers et fixer la conduite au fond", explique le scaphandrier Julian Marais.
Vissée à 15 à 20 mètres de fond, la conduite pourra acheminer jusqu'à 800 m³ d'eau courante par jour en pleine saison. Malgré les dissensions qu'il y a pu avoir quant à ce projet, la canalisation Sealine devrait voir le jour l'année prochaine. Mais avant cela, il reste encore une dizaine de tronçons à fixer.