Les ralentisseurs sur la Côte d'Azur dénoncés par une association des usagers de la route : "Rien n'est conforme à la réglementation"

Les ralentisseurs répondent à une réglementation très stricte. Certaines associations reprochent aux communes de ne pas respecter ces règles. Dans les Alpes-Maritimes et le Var, l'association PUMSD est persuadée de l'illégalité de la plupart des dos d'âne.

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"Je vous mets au défi de trouver un ralentisseur dans les règles sur la Côte d'Azur." Avec ce ton combatif, Thierry Modolo fustige les infrastructures routières disposées dans les communes des Alpes-Maritimes et du Var sous la forme de ralentisseurs, ou dos d'âne. 

Pour ce porte-parole de l'association Pour une Mobilité Sereine et Durable (PUMSD), aucun doute sur le fait qu'en matière de ralentisseurs "dans le Var et les Alpes-Maritimes, malheureusement, rien n'est conforme à la réglementation".

Le décret qui réglemente l'installation de ces infrastructures date de 1994. Dans ce décret, on peut notamment lire que les dos d'ânes sont interdits "sur des voies où le trafic est supérieur à 3 000 véhicules en moyenne journalière annuelle".

C'est également interdit "sur les voies de desserte de transport public de personnes ainsi que sur celles desservant des centres de secours, sauf accord préalable des services concernés". Or, d'après Thierry Modolo, ces deux conditions sont régulièrement ignorées.

Des protestations à Grasse, Saint-Laurent-du-Var, La Valette...

Des usagers de la route lui signalent régulièrement des problèmes à Grasse. Un groupe Facebook pour une Action collective contre les ralentisseurs dangereux à Grasse a été créé.

Le groupe a même pris l'initiative de les recenser sur une carte.

Contactée par France 3 Côte d'Azur, la mairie rappelle que "la sécurité routière revêt en enjeu majeur à Grasse". Le directeur général des services de la ville explique que les routes étroites et pentues caractéristiques de la commune "favorisent la prise de vitesse". "C'est pourquoi, la mise en œuvre de dispositifs de modération de la vitesse des véhicules répond à un besoin impérieux de sécurité publique", explique-t-il. Il assure que les ralentisseurs de Grasse "répondent aux normes de dimensionnement en vigueur".

Thierry Modolo est aussi prévenu de problèmes à Saint-Laurent-du-Var, sur une route menant à Nice, et à Beausoleil, sur une route menant à Monaco. "Qu'on ne me dise pas qu'il y a moins de 3000 véhicules par jour sur ces routes", s'agace-t-il.

Selon lui, les communes se défendent en indiquant que ce ne sont pas des "ralentisseurs de type trapézoïdal" mais des "plateaux surélevés parce qu'au lieu des 4 mètres de long et 10 cm de haut réglementaires, ils mesurent 8 mètres de long et 15 cm de haut".

Il répond : "Non, ce sont des ralentisseurs trapézoïdaux qui ne sont pas conformes à la réglementation".

Même combat dans le Var. "Il y a un nouveau ralentisseur dans le secteur de La Bigue à La Valette depuis un mois et demi alors qu'il y a au moins 15 000 véhicules par jour !", s'exclame Thierry Modolo.

Déjà en 2018, plus de 400 ralentisseurs avaient été déclarés non conformes :

"C'est très casse-gueule"

Si cette association est si remontée contre ces infrastructures, c'est qu'elle assure que les dos d'ânes sont régulièrement la cause de certains accidents.

Pour les cyclistes, c’est très "casse-gueule", il y a souvent des accidents graves. Même chose pour les motards et les scooters ! Tous les deux-roues en pâtissent.

Thierry Modolo, porte-parole de l'association PUMSD

Concernant les voitures, "les véhicules ne sont pas construits pour passer ce genre d’infrastructures toute la journée". Les amortisseurs, les suspensions, les pneus... De nombreux éléments des voitures peuvent être endommagés à force de passer sur des ralentisseurs. "Sans parler de dos de ceux qui sont dedans", ajoute Thierry Modolo.

Par ailleurs, l'association a mené une étude sur la pollution engendrée par les ralentisseurs. "Un ralentisseur illégal représente une augmentation de 25% des émissions de CO2 pour une Clio et 27% pour une Peugeot 3008", rapporte Thierry Modolo.

L'association PUMSD a saisi le Conseil d'État "suite aux décisions de différentes juridictions administratives refusant l’application de la réglementation en vigueur sur les ralentisseurs", indique un communiqué de l'association.

L'association est en attente de la décision du Conseil d'État. Cette décision pourrait contraindre certaines communes à modifier leurs infrastructures.

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