En ce troisième jour de déconfinement, un petit vent rentre par l’est sur le Var, sans doute une super journée pour aller taquiner les vagues. Alors malgré l’interdiction, entre midi et deux, plusieurs surfeurs se mettent à l'eau sur la plage de Fabregas à la Seyne-sur-Mer.
Il en convient aisément : le surf et le bodyboard ne sont pas encore autorisés. Mais qu’à cela ne tienne, cela fait deux mois que Doumé est coincé chez lui. Et maintenant que le déconfinement est là, il ne pense qu’à ça : surfer ! Cet artisan d’art passionné par les sports de glisse ne rêve que d’une chose depuis 55 jours : se remettre à l’eau.
Et justement ce matin : un petit vent rentre par l’est sur le Var, sans doute une super journée pour aller taquiner les vagues même si le ciel est franchement gris. Alors malgré l’interdiction, entre midi et deux, notre bonhomme prend son camion, son bodyboard et sa combinaison. Direction la plage de Fabregas à la Seyne-sur-Mer.
« La dernière fois que je suis allé surfer c’était justement ici sur cette plage. C’était le 16 mars. On ne savait pas trop si on avait le droit ou pas. Après j’ai arrêté».
« Oui, c’est bon, je rentre encore dedans ». C’est vrai qu’après 55 jours passés notamment à se mitonner des petits plats avec sa compagne, Doumé se posait un peu la question ! Le tissu est élastique et le modèle forcément moulant, alors c’est parfait, il rentre encore dedans.
Sur la petite plage, le passionné n’est pas le seul. A l’eau, cinq autres surfeurs.
Et ils sont malins, ils n’ont pas tous garé leur voiture là. Inutile d’être trop voyants et d’attirer l’attention. D’ailleurs, la maréchaussée est déjà passée ce matin. Elle n’a pas dressé de procès-verbaux mais a demandé aux surfeurs de sortir de l’eau.
Car, que l’on soit bien clair : ni le surf, ni la planche à voile, ni le paddle, ni le bodyboard ne sont pour l’instant autorisés.
demande un passant moqueur.Le pédalo non plus ?
Les plaisanciers, eux, ont pourtant bien le droit de sortir en mer mais pour ce qui concerne les sports se pratiquant entre zéro et 300 mètres du rivage, c’est encore l’interdiction. Tout comme les baigneurs et ceux qui souhaitent marcher sur la plage.
Mais Doumé ne pense qu’à cela depuis presque deux mois. Jaugeant le risque, il s’approche du rivage. La tentation est vraiment trop forte.Dans l’eau les autres amateurs de vagues commencent à ressortir. Certains sont là depuis plusieurs heures. C’est le cas de Théo et Théo. Ils sont tous les deux étudiants, l’un en école d’infirmiers à Marseille, le second vient de passer un concours pour rentrer dans la gendarmerie.
s’excuse-t-il.Oui, je sais… je ne donne pas le bon exemple !,
« En même temps, ici on ne prend pas de risque, on est éloignés les uns des autres, on ne se croise pas et on est en plein air. J’ai un peu du mal à comprendre l’interdiction. D’accord, on n’a pas de masque mais bon… ».
« Hier, on a fait un tour à l’Avenue 83 (centre commercial situé à La Valette-du-Var), on était les uns sur les autres et personne n’avait de masque non plus. »
Une remarque partagée par beaucoup de monde. A Cannes par exemple, le maire s'est engagé à ne pas verbaliser les riders justement pour cette raison.
Alors bon ! Pourquoi hésiter se demandent les deux compères ? D’autant que la petite sortie leur a fait du bien. Ils avaient presque oublié la sensation de glisser sur l’eau. Après deux mois de confinement, ils ont tous les deux très mal aux épaules. Des muscles que le surf remet en marche tout doucement. Une douleur qui est comme une caresse pour eux. Et l’eau de mer enfin sur leur peau. C’est merveilleux.
murmure l’un d’eux.Ça fait du bien de retrouver le goût du sel
Doumé est toujours dans l’eau. Mais les rouleaux sont finalement un peu décevants. «C’est des vagues à long board, moi j’ai besoin de vagues avec des gros rouleaux».
L’artisan d’art sort de l’eau qui n’est pas si froide, paraît-il, bien moins en tout cas qu’au mois de mars. Il est presque 14h, il faut songer à rentrer travailler. Sur la route en direction de son camion, garé plus loin, il croise une dame au volant. C’est la maman d’un jeune surfeur.
C’est sûr qu’à cette heure-là, peu de chance de tomber sur une patrouille de policiers municipaux.Moi, le mien, il s’est réveillé pour aller à l’eau à 4 heures du matin !
Doumé en tout cas est content. Il n’a pas eu de PV et il a retrouvé son élément : l’eau de mer.
Cette nuit, il va pouvoir dormir tranquillement et demain, paraît-il, il y aura encore un peu de vent !