Dans les deux années qui viennent, soixante navires désormais hors service devront être déconstruits et recyclés. Pour la base navale toulonnaise, cela représente un budget de 6 millions d'euros.
L'année dernière, la base navale de Toulon dans le Var a reçu trois nouveaux bateaux : une frégate multimissions de défense aérienne "Alsace", un sous-marin Suffren et une frégate multimissions "Auvergne".
Conséquence de cela, trois autres de ses bâtiments navals ont été mis hors service.
Aujourd'hui, une soixantaine de "coques" inutilisées est stationnée à l'ouest de la rade de Toulon.
Certains servent de brise-lames pour protéger les emprises militaires. Jusque dans les années 2000, ces anciens navires étaient "océanisés", c'est-à-dire coulés au fond de l'eau ; en France, le dernier l'a été en 2004.
Depuis, la Marine les déconstruit et les recycle, en vertu notamment de la Convention internationale de Hong Kong pour le recyclage sûr et écologiquement rationnel des navires de 2009.
La soixantaine de coques devra être recyclée d'ici 2023.
Durée de vie de 40 ans
Pour cela, l'institution a passé deux marchés publics avec les Recycleurs bretons basés à Brest dans le Finistère et l'entreprise normande Gardet de Bezenac, installée au Havre.
D'abord, on fait le désarmement du bateau (armes, munitions, radars...) et on enlève les huiles, hydrocarbures... Un inventaire des matières dangereuses est ensuite réalisé par un expert indépendant (notamment concernant l'amiante). La coque part enfin en déconstruction : elle est dépolluée suivant le rapport de l'expert et découpée.
Capitaine de vaisseau Thibault LavernhePorte-parole de la Marine de Toulon
Chaque année, la Marine nationale budgétise 10 millions d'euros (60% concerne la base navale de Toulon) pour remorquer et désamianter ses anciens navires et traiter les matières dangereuses.
Une fois les matériaux recyclés, elle perçoit la moitié des bénéfices financiers, mais cela ne permet pas de couvrir l'intégralité des frais engagés.
En moyenne, un bateau militaire est opérationnel pendant environ 40 ans. "En mer, la structure travaille en permanence", explique le capitaine de vaisseau Thibault Lavernhe. "La poutre navire (la coque du bateau) devient fragile et certaines parties mécaniques qui ne se changent pas s'usent."
Il s'écoule entre 5 et 7 années entre le retrait de service d'un bateau et son recyclage.
En 2020, la Marine nationale dénombrait 173 coques à déconstruire.