Lancée fin février par le collectif "Stop Croisière", une pétition compte déjà plus de 1.300 signatures. Des Toulonnais qui après les Marseillais et les Ajacciens, dénoncent les rejets polluants émis par les bateaux.
De son appartement situé sur le port de Toulon, Eva Wagner a une vue imprenable sur la Méditerranée. Et depuis 10 ans, elle observe l’arrivée des paquebots de croisières et la rotation des ferries. Et été comme hiver, elle vit fenêtres fermées. Ce jour-là, deux mastodontes flottants sont bien visibles et dégagent une fumée noire qui l'insupporte.
Ils sont moteurs allumés jour et nuit. L'été, on ne peut pratiquement pas ouvrir avec l'arrivée des bateaux, le soir, on ferme aussi car ils partent. Vous avez l'impression d'avoir une odeur de pneus brulés en permanence. C'est invivable.
Eva Wagner, Toulonnaise
Ces nuisances, Bruno léger, expert maritime, les confirme bien volontiers. Les acheteurs de bateaux le missionnent pour leurs futurs achats. Il est catégorique :
"Je peux vous assurer que le pont des bateaux est recouvert de ces matières à moitié brûlées de carburants et ce n'est pas très propre. J'imagine ce qu'on peut se prendre dans les poumons quand on est aux alentours".
Après Marseille et Ajaccio, Toulon
"La direction des ports de la Chambre de commerce et d'industrie du Var promet 100 escales de bateaux de croisières dans la rade de Toulon en 2023. Nous, citoyens de la rade, disons NON à cette hérésie environnementale. À la suite des habitants de Marseille et d'Ajaccio, nous entrons en lutte contre ces paquebots méga polluants" indique Stop Croisières Grande Rade de Toulon dans une pétition, signée à ce jour par plus de 1 300 personnes.
Pas de plainte pour l'instant, mais la volonté de dénoncer des nuisances majeures.
Un paquebot à quai, c'est 30 000 véhicules à l'heure, pas à la journée. Ce qu'on demande, c'est qu'on prenne conscience que la pollution de l'air à Toulon est un sujet majeur qui impacte la santé des citoyens.
Guillaume Picard, Stop Croisières Grande Rade de Toulon
Des conséquences sur la santé ?
À cette heure, aucune étude médicale n'a été réalisée. Mais Basil Gertin, président de la Chambre de Commerce et d'Industrie du Var est catégorique : l’électrification des quais se poursuit et pour 2023, 87 escales sont déjà prévues
" Ces navires utilisent à Toulon et que dans la rade de Toulon ( la plus propre de Méditerranée) un carburant à 0,1% de soufre. À l'horizon de 5 ans, le flotte de navires sera modernisée, des investissements seront faits. Ce serait donc dommage de se priver de la croisière, ce serait même catastrophique ! "
L’an dernier, les croisiéristes ont rapporté 20 millions d’euros au département du Var. Un choix économique absurde pour le collectif, qui clame haut et fort que " rien ne justifie le maintien de ces villes flottantes absurdes, énergivores et toxiques et que notre air, nos mers et notre santé ne sont pas à négocier".