Comment le public vit-il la diffusion des vidéos du Procès des viols de Mazan à l'audience ? Ce 10 octobre, 26e jour d'audience, des vidéos ont été diffusées dans la salle d'audience, sans huis clos, comme le souhaite la principale victime de cette affaire, Gisèle Pelicot.
Pour cette cinquième semaine du procès des viols de Mazan devant la cour criminelle du Vaucluse, les faits étaient étudiés concernant trois accusés pour cet après-midi du 10 octobre. Tous contestaient les accusations de viols. Depuis le 4 octobre, le huis clos a été levé pour la diffusion des vidéos auprès du public et des journalistes.
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Alors que Dominique Pelicot lui-même se cache les yeux, le public est confronté à l'horreur. Sur une première vidéo de 17 minutes, la scène est filmée par une caméra posée sur une étagère. On y voit l'accusé demander s'il est filmé, ce à quoi Dominique Pelicot lui répond par la négative. Sur une autre vidéo, on voit ostensiblement un autre accusé violer Gisèle Pelicot.
"C'est insoutenable de voir ça"
À la sortie de l'audience, personne n'est indifférent à ce qu'il vient de vivre. "Je n'ai pas regardé tout le long, parce que c'est insoutenable de voir ça, exprime Pauline, étudiante en droit à Aix-en-Provence. En fait, moi, j'avais l'impression que ce n'étaient pas des humains, mais des bêtes, des pervers. Sur les vidéos, on voit que [Gisèle Pelicot] est inconsciente, qu'elle ronfle", exprime Pauline, étudiante en droit à Aix-en-Provence, venue assister au procès.
"En tant qu'homme, je n'ai pas voulu voir les vidéos. J'ai été confronté à un choix, qui a été de sortir, exprime cet homme, venu pour la troisième fois à l'audience. Je me suis dit que si je les regardais, peut-être que j'aurais du mal à me regarder dans la glace. J'aurais du mal à croiser le regard de la victime".
Retrospectivement, dans ma vie, il y a une ligne rouge. J'ai peut-être été des fois proche de celle-ci. J'aurais pu me retrouver de l'autre côté. C'est ce qui reste, ce sera toujours comme ça. Aujourd'hui, la seule chose que je peux faire, c'est témoigner de mon soutien à la victime."
Un homme venu assister à l'audience
"On ressent beaucoup de gêne, de se demander si nous, on est légitimes de voir cela".
"On ressent beaucoup de gêne, de se demander si nous, on est légitimes de voir cela, si c'est notre place. Est-ce que cela apporte quelque chose que nous, public, puissions voir ça ? Ceux qui arrivent encore à dire que [Gisèle Pelicot] n'avait qu'à voir qu'elle se faisait droguer, ils devraient venir voir les vidéos", réagit Lison, autre étudiante en droit, venue assister pour la deuxième fois à l'audience.
Pour la première fois, Gisèle Pélicot est également allée à la rencontre du public. Près de soixante personnes, en majorité des femmes, étaient présentes au procès ce jour-là pour la soutenir.
Article écrit avec Pauline Guigou au tribunal