TEMOIGNAGE. Viols de Mazan : "nous attendons un procès exemplaire", déclare la députée Sandrine Josso, victime de soumission chimique

Alors que ce lundi s'est ouvert le procès des viols de Mazan, les victimes de soumission chimique espèrent un grand débat de société sur ce phénomène à l'instar de Sandrine Josso, députée de la 7e circonscription de la Loire-Atlantique et elle-même droguée à son insu en novembre dernier par le sénateur Joël Guerriau. Elle témoigne.

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Le procès de Dominique P., retraité accusé d'avoir drogué son épouse et recruté des dizaines d'inconnus pour la violer, pendant dix ans, s'est ouvert ce lundi à Avignon et se tiendra en public, la demande de huis clos de l'accusation, ayant été rejetée. Inédit par le caractère exceptionnel des faits - 92 viols en moins de 10 ans, commis par une cinquantaine d'hommes sur une femme droguée à son insu par son mari - le procès devient un symbole pour les victimes de soumission chimique. La victime déclare ne pas vouloir de huit clos pour en faire "un procès de société", comme le rapporte Libération

La députée de la 7e circonscription de la Loire-Atlantique, Sandrine Josso, accuse le sénateur ligérien Joël Guerriau, de l'avoir droguée à l'ectasy à son insu. Elle déclare également attendre "un procès exemplaire pour lutter contre cette prédation savamment organisée". Le parlementaire a été mis en examen le 17 novembre 2023

"II m'a servi une coupe de champagne"

Cette soumission chimique, la députée ligérienne l'a vécu dans sa chair. En novembre 2023, elle avait été invitée à fêter la réélection de cet ami et collègue sénateur, élu dans le même département.

Au cours de cette soirée, Sandrine Josso raconte avoir été rapidement prise de palpitations et de sueurs : "il m'a servi une coupe de champagne et j'ai commencé à sentir quelque temps après les effets de la drogue. Lorsque je tentais de partir, il insistait pour que je reste à ses côtés. J'ai dû aller chercher au fond de mes forces pour fuir dans cet état". La députée déclare avoir vu son agresseur ranger un sachet de drogue que les policiers retrouveront au même endroit lors d'une perquisition.

En fuyant le domicile de son agresseur, Sandrine Josso se rend aux urgences. Des analyses de sang et d'urine seront effectués et confirmeront la présence de drogues.

"C'est l'occasion de débuter une grande sensibilisation sur cette violence sexuelle"

Alors que les signalements pour soumission chimique ont augmenté de 69 % entre 2021 et 2022, la députée espère une prise de conscience générale sur ce phénomène grâce au procès : "c'est l'occasion de débuter une grande sensibilisation sur cette violence sexuelle, de comprendre le profil de ces prédateurs et d'éduquer sur leurs modus operandi", poursuit-elle.

Présidente d'une mission gouvernementale sur la soumission chimique, interrompue avec la dissolution, la députée alerte sur les conséquences de cette agression dans la vie des victimes :

la soumission chimique ravage. Elle provoque des dépressions, des problèmes de sommeil, de l'anorexie car on n'ose plus manger, des douleurs au dos causés par de l'hypervigilance

Sandrine Josso

France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur

"Il faut qu'une victime puisse être fléchée"

Si la mission gouvernentale est toujours en suspension, la députée Sandrine Josso espère bien pouvoir faire bouger les lignes. Elle plaide notamment pour un recensement des victimes, leurs accompagnements, une formation du monde médical et judiciaire sur la question et un accès facilité à la preuve : "Il existe des inégalités territoriales. Si vous n'habitez pas près d'un hôpital avec un institut médico-légal, les résultats ne pourront pas être analysés. Il faut qu'une victime puisse être fléchée au bon endroit pour avoir accès à une preuve si elle le souhaite".

En attendant, le procès de Dominique P. s'ouvre pour quatre mois, jusqu'au 20 décembre 2024.

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