Le maire de Carpentras invite ses administrés à écrire à Emmanuel Macron pour demander plus de personnels de police pour lutter contre l'insécurité liée aux trafics de stupéfiants.
"J'écris au président". Tel est le nom de l'opération lancée le 3 octobre par Serge Andrieu, le maire (divers gauche) de Carpentras, dans le Vaucluse. Face à l'inaction du gouvernement sur les effectifs de policiers pour lutter contre les trafics de drogue, il invite les citoyens à écrire en masse au président de la République.
La lettre ouverte s'adresse directement à Emmanuel Macron et a été reproduite à 30.000 exemplaires. Les habitants la signent, elle est ainsi prête à être expédiée.
Nos reporters Frédérique Poret et Dalila Iberrakene ont recueilli les premières réactions des citoyens sur place.
"Emmanuel Macron saura au moins qu’il y a des gens qui se sont manifestés et qui en ont ras-le-bol", témoigne l'une d'entre eux, tout en glissant la lettre dans une enveloppe. Avant j’allais à pied au cinéma, maintenant je vais à la séance de 18h30 pour éviter de rentrer à 23h."
"J’ai été agressée et braquée au fusil en novembre l’année dernière", glisse une dame intéressée par l'opération du maire.
La lettre est également distribuée dans les quartiers et centres sociaux. "Les habitants veulent juste vivre normalement", explique Damien Lauzen, directeur du centre social du Tricadou Carpentras. Donc peut-être que grâce à ces courriers, ils seront entendus et le président comprendra qu’il y a certains endroits où il doit remettre son nez."
L'initiative du maire de Carpentras a fait des petits. Les maires des communes voisines ont eux aussi décidé d'écrire au président.
Dans l'attente de moyens supplémentaires
Serge Andrieu a pris cette décision suite au dernier courrier qu'il a reçu du ministre l'Intérieur Gérald Darmanin. Ce dernier considérant qu'il y a suffisamment d'effectifs de police dans la ville.
"Vu l’intensité du trafic de drogue qu’il y a à Carpentras, je pense qu’il en faut plus, a réagi l'édile. Il nous faut aussi des CRS pour que la population puisse dormir".
En mars dernier, douze personnes ont été interpellées dans le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône dans le cadre d'une affaire de violences avec armes, association de malfaiteurs et trafic de stupéfiants.
Cette vaste opération a mis terme à un cycle "inquiétant" de tirs à l'arme de guerre dans la cité des Amandiers à Carpentras, dans un contexte de lutte de territoire pour le trafic de stupéfiants dans ce secteur.
En mai 2021, lors d'un contrôle de trafic de stupéfiants dans le centre-ville d'Avignon, Eric Masson, un policier de 36 était tué par balle. Deux suspects avaient été interpellés, mis en examen et placés en détention provisoire.
Deux mois plus tard, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin était en visite à Cavaillon. Il promettait des renforts et le retour d'une Bac de nuit.