Ce que l’on sait de l’affaire des "piscines sauvages" installées dans une cité de Cavaillon

La préfète du Vaucluse a tenu, jeudi, un point presse sur cette affaire de piscines "sauvages" et structures gonflables potentiellement installées par des dealers le 14 juillet dans le quartier du docteur Ayme à Cavaillon.

Tout est parti de plaintes d'habitants du quartier du docteur Ayme à Cavaillon. Ils ont observé l'installation de piscines, jeux gonflables et trampolines de manière illégale durant le week-end du 14 juillet. Pour le collectif "le chemin de l'école en toute sécurité", il s'agit d'un "plan visant à attirer davantage de clients vers le point de deal local". Mais de quoi parle-t-on vraiment ? Voici ce que l'on sait après le point presse organisé jeudi par la préfète du Vaucluse et du maire.

Des bouches à incendies pour remplir les piscines

Ces piscines sont souvent remplies avec l'eau des bouches d'incendie. De quoi inquiéter les pompiers en cette période de sécheresse et de feux : ils ont besoin d'eau. 

C'est l'une des raisons pour lesquelles la municipalité a déposé plainte, et pour "mise en danger d'autrui et occupation illégale de l'espace public".

Le vol d'eau et d'électricité, utilisées pour ces installations, a aussi fait l’objet d’une plainte de la part du bailleur social concerné.

Trois interpellations, deux contraventions 

"Bien qu’aucun préjudice humain ne soit à déplorer, ces dernières représentaient une mise en danger de la vie d’autrui, notamment des enfants auxquels elles étaient destinées, ainsi qu’une occupation illégale du domaine public", a indiqué la préfecture du Vaucluse dans un communiqué, au sujet de ces installations.

"Le tout, c'est qu'on sache, qui, comment et pourquoi", a insisté le maire de Cavaillon, lors d'un point presse, évoquant notamment les risques pour les enfants d'une piscine sans mesures de sécurité adéquates et rappelant les initiatives de sa municipalité pour les enfants de ce quartier de 2 000 habitants actuellement en pleine phase de restructuration.

Deux contraventions ont été dressées. Les installations ont été retirées par les services de police le 17 juillet. Trois personnes ont également été interpellées. Une procédure judiciaire est toujours en cours : une enquête ouverte par le parquet d'Avignon.

La CRS8 envoyée par Darmanin à Cavaillon

Mercredi soir l'affaire prend encore plus d'ampleur, quand le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, décide d'envoyer la CR8 à Cavaillon, une unité spéciale, formée à la gestion des émeutes urbaines. "48 CRS, qui étaient prévus pour être à Marseille, sont ici ce soir et demain soir", confirme la préfète du Vaucluse, Violaine Demaret, lors d'un point presse organisé jeudi 20 juillet au cœur de la cité du Dr Ayme, où les festivités ont été organisées. "Nous avons aussi 10 agents permanents", tient-elle à préciser. "Des investigations sont en cours pour déterminer qui est à l'origine du paiement pour ces activités".

"Une rumeur évoque le fait que ce seraient les trafiquants de drogue du quartier, mais ce n'est pas démontré à ce stade"

Violaine Demaret, Préfète du Vaucluse

"On va faire ne sorte que ça ne se reproduise plus", annonce le maire LR de Cavaillon, Gérard Daudet, sur BFMTV. Et de reprendre : "Si c'était vraiment pour faire plaisir aux habitants du quartier, pourquoi pas. S'il y a des gens qui viennent suppléer la Ville pour nous aider dans les animations des quartiers, ça ne me gêne pas. Par contre, il faut que ce soit fait légalement".

Ce quartier, endeuillé en 2021 par la mort d'un jeune homme de 22 ans, tué par balle en plein jour, est devenu, petit à petit, l'un des plus gros points de vente de drogue de la région Paca.

Un phénomène qui n'est pas nouveau

Les piscines sauvages dans les quartiers, ce n'est pas un phénomène nouveau, ni propre à Cavaillon. Depuis toujours, l'été, il n'est pas rare de trouver des piscines gonflables installées par les adultes, pour les enfants, surtout en pleine période de canicule. Ces installations sont illégales. Et des dealers peuvent en être à l'origine mais il est difficile d'en avoir la preuve.

À Grenoble par exemple, dans le quartier Mistral, en 2016, une piscine sauvage avait rapidement été démontée par les pompiers. Rebelote en 2018, dans la même ville, quartier Teisseire où les forces de l'ordre démontent une piscine sauvage. En 2019, Seine-et-Marne, à Meaux, une piscine avait été "autoportée sur un parking privé", rapporte Le Parisien. Cette fois, des parents semblent à l'initiative de cette installation. À Bron, près de Lyon, les forces de l'ordre sont intervenues pour une piscine installée en pleine rue, en mai 2022. Et ainsi de suite.

"Le but, c'était de faire plaisir aux petits", a expliqué un des organisateurs de Cavaillon, rencontré par France Bleu Vaucluse. "Des enfants entre 3 et 10 ans, ce n’est pas eux qui vont venir acheter du shit", a réagi un autre jeune. 

Avec AFP.

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