On associe souvent Lourmarin et l’écrivain Albert Camus. A 13 h 55, le 4 janvier 1960, la voiture dans laquelle se trouve Albert Camus percute un platane, le long de la nationale 5, un peu au sud de Fontainebleau. Albert Camus, 46 ans, meurt sur le coup.
"A la semaine prochaine" avait-il dit. Albert Camus avait quitté Lourmarin, dans le Lubéron, la veille avec son ami et éditeur Michel Gallimard, qui venait d'acquérir un bolide, une Facel Vega.
Ironie du sort, il aurait dû rentrer à Paris en train.
Premiers séjours en Provence
Camus est venu dans le Luberon avant la guerre. Ce sont des amis écrivains qui conduisent Camus en Provence. Parmi eux Henri Bosco, autre amoureux de Lourmarin, mais aussi René Char, le poète et résistant de l’Isle-sur-la-Sorgue.
Janet Mead, anglaise d'origine, guide les visiteurs à la découverte du célèbre château de Lourmarin. Elle aime à rappeler la première nuit que Camus passât ici.
Il est venu en 1946, invité par Henri Bosco. On l’a fait dormir dans une petite chambre du château, pleine de scorpions.
Jeune Prix Nobel
En 1957, alors qu’il n’a guère plus de 40 ans. Albert Camus reçoit le Prix Nobel de Littérature. Il a longtemps cherché un pied-à-terre dans le sud. Avec l’argent du prix, il va pouvoir acheter une maison à Lourmarin, une ancienne magnanerie.
Jacques Galas se dit camusien. Il garde une grande admiration pour l’auteur et pour l’homme.
Ce prix lui a fait autant de mal que de bien. Peut-être plus de mal car il était jeune, il y a eu des jalousies.
Le soleil de la Provence
On dit que c’est pour retrouver les paysages de son pays, l’Algérie où il est né en 1913, que Camus rêvera longtemps de s’installer en Provence.
La convivialité, le soleil, le paysage, le ciel, c’est cela Lourmarin pour lui. C’est l’esprit de la Méditerranée.
Il pensait y retrouver les idées de la Grèce antique qu’il affectionnait, tout comme son grand ami René Char.
Une modeste tombe
Le 11 janvier 1960, le village de Lourmarin fera de touchantes obsèques à Albert Camus.
Très modeste et couverte de pierres et d’iris, aujourd’hui encore sa tombe est très régulièrement visitée. Ses admirateurs y laissent de petits textes manuscrits coincés sous des galets.
Jacques Gallas y est venu souvent depuis 1960. Il est toujours ému lorsqu’il évoque l’auteur.
Rien d’étonnant pour Janet Mead car beaucoup de gens viennent à Lourmarin pour Camus.
C’est un écrivain à la renommée internationale. C’est un des français les plus lus et les plus traduits dans le monde entier.
Le bonheur en photos
Cet été le Château de Lourmarin présentait une exposition de photos inédites de Camus. Des images du quotidien, de sa jeunesse en Algérie, de sa famille. On le voit au théâtre ou sur un stade de football, deux endroits qu’il aimait pour la camaraderie et le travail d’équipe.
Une photo de son enfance évoque ses origines modestes en Algérie. On y voit un enfant brun dans un atelier, au milieu de plusieurs générations. Il écrira :
Près d’eux ce n’est pas la pauvreté ni le dénuement que j’ai senti (…) mais ma noblesse. Devant ma mère je sens que je suis d’une race noble, celle qui n’envie rien.
Camus et Sartre
Quand l’élève dépassera le maître les choses se compliqueront entre Albert Camus et Jean-Paul Sartre. Certains considéraient Camus comme un philosophe pour collégiens. Mais il plaît à Jacques Gallas de rappeler que Camus est toujours cité aujourd’hui et pas seulement par les hommes politiques.
Il est resté ancré dans la population et surtout chez les jeunes.
Lire Camus
On ne lit trop souvent que La Peste ou l’Etranger. Pour entrer dans la poésie d’Albert Camus, celle du soleil, il faut se laisser aller aux textes de « Noces » ou de « L’été ». Vous y trouverez un Camus fragile et courageux, jeune et toujours libre plus de 60 ans après sa mort.
Camus ne se disait pas écrivain, ni philosophe, ni homme de théâtre.
Il aimait à se définir comme un « artiste », autrement dit un artisan de la beauté.
Un reportage réalisé en occitan
A VOIR dimanche 10 janvier 2020 dans VAQUI à 10 h 40
sur France 3 Provence Alpes et sur France 3 Côte d'Azur.