Ancienne figure de la droite républicaine, connu pour ses prises de position anti-confirmistes, Thierry Mariani a rejoint le Rassemblement national en 2019. Selon un sondage Ipsos Sopra/Steria pour France Télévisions, il est en tête des intentions de vote pour les régionales en Paca.
Longtemps président des Chorégies d'Orange, un grand festival d'art lyrique, Thierry Mariani entend présider la Région et y planter le drapeau du Rassemblement national.
A-t-il eu des trémolos dans la voix quand il a découvert, ce mardi 11 mai 2021, les conclusions du sondage Ipsos Sopra/Steria pour France Téléivions et Radio France le donnant vainqueur des élections régionales en Provence-Alpes-Côte-d'Azur ?
"Je suis le seul candidat à droite véritablement anti-Macron, assène-t-il fièrement. Vous avez Sophie Cluzel, la candidate LREM officielle. Et vous avez Renaud Muselier, candidat de droite Macron-compatible."
Ses adversaires en difficulté
Macron-compatible, Muselier ? Jugeons-en : le président sortant de Région, membre du parti Les Républicains, a voulu faire alliance avec la candidate LREM Sophie Cluzel, espérant ainsi barrer la route à l'extrême droite.
Illico, c'est le séisme. Le retrait de la candidature de Sophie Cluzel, au profit de Renaud Muselier, est annoncé par le Premier ministre lui-même. Grosse colère à droite.
Puis le mariage tourne court : l'alliance est jugée contre-nature par plusieurs caciques, Christian Jacob notamment. Renaud Muselier est à deux doigts d'être éjecté. Dans la foulée, Hubert Falco, maire de Toulon, et Christian Estrosi, maire de Nice, claquent la porte du parti gaulliste (ce même Christian Estrosi, annoncé ce mercredi 12 mai 2021 tête de liste dans les Alpes maritimes par Renaud Muselier).
Finalement, la commission nationale d'investiture du parti décide d'accorder sa confiance à Renaud Muselier, posant toutefois ses conditions : pas question de voir sur sa liste des membres du gouvernement ou des parlementaire LREM.
Message reçu 5 sur 5 par Sophie Cluzel, qui annonce dès le lendemain son divorce avec Renaud Muselier. Retour à la case départ. On imagine la jubilation de Thierry Mariani.
Vainqueur à tous les coups
Alliance ou pas, ce sera de toute façon le Rassemblement national en tête du premier tour, à en croire le sondage.
Le parti d'extême droite remporterait même le second. Quelle que soit la configuration, quels que soient les résultats des uns et des autres.
Le Rassemblement national, que Thierry Mariani a rejoint en 2019 après sa démission du parti Les Républicains, mise tout sur lui. Paca est peut-être la seule région "gagnable" cette année pour le parti d'extrême-droite.
Thierry Mariani, vieux renard de la politique, préfère partir prudent : "On peut gagner, si nos électeurs se mobilisent. Mais on a en face de nous une équipe sortante qui bénéficie à fond de l'institution."
Un candidat anti-conformiste
Dénoncer "l'institution", une tarte à la crème pour Mariani. À 62 ans, l'ancien gamin du Vaucluse est ce qu'on appelle un franc-tireur.
Poutine ? Il adore. Bachar ? Il soutient. Contre la bien-pensance et le politiquement correct, il sort l'artillerie lourde, quitte à se faire rejeter partout. À tribord, toute !
"C'est quand même un des seuls à avoir franchi le Rubicond, nous glisse un ancien attaché parlementaire de droite. Tourner casaque après 30 ans au RPR, à l'UMP et chez Les Républicains, c'est quasiment du jamais vu !"
Vauclusien de naissance
Né à Orange en 1958, enfant du peuple et ami des petites gens, petit-fils d'immigrés italiens, le jeune Mariani, cheveux corbeau - lunettes fines, se rêvait légionaire ; ce sera la politique.
Engagé dès 1976 au RPR de Jacques Chirac, il gravit tous les échelons : maire de Valréas, député du Vaucluse, où il sera la bête noire du maire FN d'Orange Jacques Bompard, il est aussi conseiller général (à l'époque du cumul des mandats), puis conseiller régional.
En 2010, le Premier ministre François Fillon lui confie les Transports. Un atout pour qui veut conduire la Région, une collectivité compétente en la matière. Pourtant, ce n'est pas là-dessus qu'il s'éternise, quand on lui soumet l'idée.
Son créneau à lui, c'est la sécurité, l'immigration. "La majorité sortante a attendu les deux derniers mois pour enfin présenter un plan sécurité", tacle-t-il encore.
Aujourd'hui député européen, il a l'oreille attentive de Marine Le Pen, dont il élabore le volet "international" de sa campagne présidentielle de 2022.
Duel annoncé
Dire qu'il connaît Renaud Muselier, son principal adversaire aux élections régionales, est un euphémisme : longtemps frères siamois en politique régionale, les deux hommes ont fait leurs classes ensemble au RPR, et les voilà face à face.
Même pas peur, rétorque Mariani. "C'est comme au rugby : on peut être face à un adversaire qu'on estime, mais il faut gagner quand même."
Bizarre, cette évocation du ballon ovale. Car Mariani, c'est plutôt la lutte gréco-romaine. À 19 ans, il était vice-champion de France : envoyer l'adversaire au tapis, il sait faire.
Mais les 20 et 27 juin 2021, ce sont bien les électeurs qui auront le dernier mot.