Sur les pentes du Mont-Ventoux, dans le Vaucluse, la forêt souffre déjà des conséquences du réchauffement climatique. Pour y faire face, 2960 arbres vont être plantés, dont des essences plus résistantes à la sécheresse. Les habitants du secteurs sont mis à contribution, à commencer par les plus jeunes.
Dans la forêt de Perrache, une foule de petites mains s'applique à planter des arbres. Creuser, planter, tasser... Armés de bottes en plastique et d'une petite truelle, les élèves de l'école maternelle de Bédouin (84) s'activent sur les pentes du Mont-Ventoux dans le Vaucluse.
Les enfants ont pour mission de planter des petites pousses de sapin. "Planter des arbres, c'est bien pour la nature" lance une jardinière en herbe. "Ca sert à respirer" complète une autre.
Pour leur permettre de visualiser l'impact de leur action, Vérane Brechu technicienne de l'office National des forêts leur désigne les sapins qu'ils viennent de planter. "Ils ont votre âge. Et regardez le grand dernière, il a 80 ans, plus vieux que la maîtresse."
Les petits prennent visiblement beaucoup de plaisir à cette journée en forêt. "C'est important, estime Vérane Bréchu, "si on est déconnecté de la nature, ça nous passe au dessus et peu importe si on la massacre."
Planter des essence plus résistantes
L'essence plantée pour cette opération a été soigneusement choisie. Il s'agit du sapin de Céphalonie. Cette espèce endémique de Grèce peut pousser jusqu'à 2000 mètres d'altitude. Un peu plus haut que le sommet du Ventoux qui culmine à 1910 mètres.
En introduisant cette espèce dans la forêt de Perrache, Verane Brechu espère rendre la forêt plus résiliente face au réchauffement climatique. "On a une grosse mortalité sur certaines essences comme le pin noir d’Autriche, pin sylvestre, hêtre, notamment en milieu montagnard."
Face à des températures estivales de plus en plus hautes et des sécheresses durables, certaines espèces souffrent déjà du changement climatique. Pour regénérer la forêt, l'objectif est donc de favoriser des espèces plus résistantes.
Comme le cèdre, déjà présent. Vérane Bréchu espère faire remonter cette essence au dessus de 1200 mètres d'altitude. Ces plantations permettront de former ce que l'ONF appelle des "îlots d'avenir".
"Malheureusement, dans 50 ans certaines espèces actuelles auront presque disparu avec le changement climatique", expose Vérane Bréchu. "Les plantations d'aujourd'hui permettront de combler ces trous de diversité et de constituer une nouvelle forêt."
Une tradition de reboisement qui remonte au XIXe siècle
Le projet s'inscrit dans une tradition locale. Au XIX siècle, le Mont-Ventoux a été complètement déboisé. Les intempéries charrient régulièrement des torrents de boues qui provoquent des inondations en contrebas.
Dès 1860, l'Etat français entreprend donc de reboiser le Ventoux, avec le concours des habitants de Bédoin. "On entend souvent les gens dire "mon arrière grand père a reboisé". Pour les gens ici c'est important de participer", estime Verane Bréchu.
"Il y a vraiment un rapport particulier à la forêt, explique Alain Constant, le maire de Bédoin. La symbolique du jour, c’est de débuté ces plantations avec les enfants de l’école communale." Les prochaines sessions seront d'ailleurs ouvertes aux adultes.
Et comme leurs ancêtres avant eux, l'opération permettra donc aux élèves de l'école maternelle de continuer à profiter de balades en forêt. Et peut-être, dans 25, 30 ans, emmener à leur tour leurs enfants admirer les arbres qu'ils ont eux-même planté Peut-être avec leurs propres enfants.