Les cinq filiales françaises du groupe industriel alsacien Sotralentz, qui emploient quelque 600 salariés, ont été placées en redressement judiciaire mercredi à Strasbourg par la Chambre commerciale du tribunal de grande instance.
La direction de Sotralentz, faisant état "d'importantes difficultés" pour payer son principal fournisseur de fil machine, avait demandé le 19 septembre l'ouverture d'une procédure judiciaire "pour protéger les filiales" du groupe.
La chambre commerciale du tribunal de grande instance de Strasbourg a nommé deux administrateurs judiciaires, qui seront chargés, avec la direction du groupe, de redresser la trésorerie et d'étudier les offres de reprises.
Interviews : Elisabeth Mathis, Secrétaire (CGT) CE Sotralentz Packaging ; Carole Roeser, Déléguée syndicale FO Sotralentz Packaging ; Anne-Claire Palud, Responsable communication Groupe Sotralentz
Reportage : G. Fraize, V. Roy, M. Perroud
Basé dans le Bas-Rhin, à Drulingen depuis ses origines en 1904 et à Sarralbe (Moselle), Sotralentz fabrique notamment des treillis soudés pour les constructions en béton armé, des pièces de chaudronnerie, des éléments de gros volume pour l'industrie ainsi que des citernes et réservoirs pour le stockage du fioul et de carburants.
La procédure judiciaire à Strasbourg concerne uniquement les filiales françaises du groupe, qui emploie quelque 600 personnes. Mais le groupe emploie en outre environ 500 salariés en Allemagne, en Espagne, en Pologne et en Roumanie, à travers ses filiales métallurgie, construction, emballage et formation industrielle en soudage.
En France, le groupe est composé de cinq filiales: son siège Sotralentz SAS, Sotralentz packaging, Sotralentz construction, Sotralentz métal industrie (SMI), et Secofab.
Soulagement pour les salariés
Une sixième filiale, DWH basée en Allemagne, a été placée en redressement par un tribunal à Trèves (sud-ouest), il y a deux semaines.
En 2015, Sotralentz a réalisé 276 millions d'euros de chiffre d'affaires.
"Nous rentrons en période de redressement judiciaire, ce qui veut dire que nous allons commencer à travailler sur des scénarios pour l'avenir", a déclaré la direction du groupe, en soulignant avoir "déjà des contacts avec des repreneurs sérieux", sans autre précision.
"C'est un grand soulagement pour l'ensemble des salariés; il nous appartiendra de prouver qu'on est viable", a réagi Caroline Roeser représentante FO du Comité d'entreprise.
"Nous n'avons aucun doute que nous arriverons à remettre l'entreprise sur les rails. Nos carnets de commandes sont pleins et nos relations avec les fournisseurs vont forcément s'améliorer. Ce redressement, c'est une garantie pour tous nos fournisseurs", a ajouté cette représentante des salariés.
Pour Frédéric Karas, délégué CGT, ce placement en redressement "est d'abord une catastrophe", le syndicaliste reprochant notamment aux dirigeants et aux actionnaires d'avoir fait d'une "pépite" industrielle un "désastre".
"On craignait l'éventualité de la liquidation judiciaire pure et simple. (...) Aujourd'hui nous avons une seule exigence, c'est le maintien de l'emploi", a ajouté
M. Karas.