Mourenx(64) : deux communautés se rassemblent dans un esprit d'ouverture

L’association locale des Maghrébins et la communauté chrétienne catholique de la paroisse Notre-Dame de Pentecôte à Mourenx ont appelé cet aprés-midi à un rassemblement. Un rassemblement ouvert à tous et dans un esprit laïc et républicain.

À Mourenx, si plusieurs procédures d’assignation à résidence ont été prononcées, en aucun cas la communauté musulmane n'a été stigmatisée. Les membres  de cette communauté ont été les premiers bouleversés par le massacre du Bataclan  et dénoncent la folie de ces terroristes.

Bien que le dialogue inter-religieux soit cependant de mise depuis plusieurs années, un peu partout en France, les responsables catholiques engagés dans les relations avec les musulmans témoignent d'une certaine forme de "méfiance" qui s' est installée de part et d’autre. Et ce sont les conversions de chrétiens à l’islam surtout posent problème. Tous les acteurs du dialogue avec l’islam, quelle que soit leur sensibilité, cherchent ainsi à concilier les valeurs évangéliques d’accueil et de charité avec l’affirmation de leurs propres convictions. De quel islam parle-t-on ?, Comment éviter les amalgames ? Comment provoquer la rencontre ?

L’association locale des Maghrébins et la communauté chrétienne catholique de la paroisse Notre-Dame de Pentecôte à Mourenx ont appelé cet aprés-midi à un rassemblement. Un rassemblement ouvert à tous et dans un esprit laïc et républicain.

Face à des institutions faibles, l'émergence de nouvelles figures de l'islam

En mal de crédibilité, l'islam institutionnel doit composer avec de nouvelles figures: des acteurs de terrain ou plus médiatiques à l'audience indéniable, des libéraux jusqu'aux néosalafistes du web, en passant par de jeunes activistes proches des Frères musulmans. Créé en 2003 à l'initiative des pouvoirs publics, le Conseil français du culte musulman (CFCM) n'a jamais réussi à incarner un "islam de France" dont beaucoup veulent hâter la construction après les attentats jihadistes du 13 novembre.

Gérée par des "blédards" - nés à l'étranger - gestionnaires de fédérations de mosquées et non par des cadres religieux, minée par la rivalité "consulaire" des pays d'origine (Algérie, Maroc et Turquie), l'institution peine à parler aux cinq millions de musulmans, croyants ou non, notamment à la jeunesse née en France. Mais d'autres voix ont germé sur ce terrain très largement sunnite - sans clergé ni autorité théologique unique - qui favorise la pluralité des prises de parole.

"Le champ islamique national est principalement dominé par deux types de tendances, néosalafiste et néofrériste", incarnées par des orthodoxes voire fondamentalistes en quête d'un islam mythique des origines ou des conservateurs proches des Frères musulmans. Leur mobilisation identitaire - "communautariste", accusent leurs détracteurs -, pour le développement du halal ou contre les "discriminations" visant les musulmans notamment, s'opère surtout sur la Toile. Dans ce bloc idéologique qui n'est pas monolithique figurent le blogueur "orthodoxe" Fateh Kimouche (Al Kanz), le spécialiste du Qatar Nabil Ennasri ou encore les jeunes militants du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF). Ils peuvent, au besoin, appuyer certains prédicateurs aujourd'hui dans le collimateur des autorités, comme l'imam salafiste de Brest Rachid Abou Houdeyfa, lui-même star du web avec près de 190.000 "likes" sur Facebook.

Des personnalités moins conservatrices tentent également de se faire entendre. Le Bordelais Tareq Oubrou n'est pas le seul électron libre et visage libéral parmi les religieux gravitant dans la mouvance "frériste". Figure montante de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), Azzedine Gaci plaide à Villeurbanne, près de Lyon, pour "des imams ayant pignon sur rue, sachant manier la langue française mais aussi les réseaux sociaux", pour ne pas laisser tout l'espace "aux télémuftis et aux cyberfatwas".


D'autres mettent en avant le pragmatisme du terrain dans la gestion des affaires cultuelles, celle des mosquées ou de l'abattage rituel: ainsi de M'hammed Henniche, secrétaire général de l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM93), une fédération indépendante aussi critique envers la main "consulaire" qui pilote le CFCM qu'avec "l'idéologie étrangère", venue d'Egypte, influençant l'UOIF.

Les dirigeants du CFCM ont compris qu'ils ne pouvaient plus ignorer ces figures indépendantes, libérales et même conservatrices, pour la plupart - néosalafistes exceptés - associées par l'Etat à l'"instance de dialogue avec l'islam" installée en juin. L'institution veut aussi prendre langue avec des
experts qui interrogent le rapport aux textes sacrés, tels Rachid Benzine, Ghaleb Bencheikh et Abdennour Bidar.

Signe des temps, le CFCM est contraint d'élargir le cercle de ses invités: dimanche, pour son grand "rassemblement citoyen des musulmans de
France"
post-attentats à l'Institut du monde arabe à Paris, la présence de "personnalités de la société civile" et de "jeunes" est annoncée.
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