2 400 exploitants de la région ont répondu à une enquête inédite sur leurs conditions de travail. Les résultats sont restitués ce lundi.
Avec Didier Truchot, université de Franche-Comté ; Jean-Jacques Laplante, médecin Mutualité Sociale Agricole.
Reportage d'Emmanuel Rivallain et Laurent Brocard.
Crises agricoles à répétition, mal-être des exploitants, suicide... Régulièrement, les problèmes auxquels sont confrontés les agriculteurs font la Une des médias.
Un agriculteur sur trois n'arrive pas à vivre de son travail - France 3 Bourgogne-Franche-Comté
La mutualité sociale agricole lance un SOS pour les agriculteurs en détresse. Un tiers des exploitants touchent à peine 4500 euros par an, soit 350 euros par mois. Le prix du lait, les mauvaises conditions météo et la concurrence mondiale expliquent en partie cette situation.
Mais on ne disposait pas encore de chiffres précis pour mesurer leur ressenti. Pour la première fois, une étude propose un diagostic de la situation actuelle en Franche-Comté.
L'enquête s'appuie sur les données récoltées auprès de 2 400 exploitants de la région. Elle a été menée par Didier Truchot, professeur de psychologie sociale à l'université de Franche-Comté, et par la MSA.
Les principaux points de l'enquête
On le sait, le suicide touche particulièrement la profession : + 20 % par rapport au reste de la population française en 2010, selon un rapport de l'agence nationale de santé publique.Comment en vient-on au suicide ? L'enquête détermine deux indicateurs :
- le burnout ;
- la dépression.
A partir de ces deux indices, l'étude élabore un classement des professions agricoles les plus exposées au mal-être, et donc, potentiellement, au suidie. Voici les résultats :
En Franche-Comté, les éleveurs bovins (pour la viande) sont donc les agriculteurs les plus exposés à la dépression. Le plus grand nombre de burn-outs est enregistré chez les éleveurs d'ovins et de caprins.
Entre 12 et 16,5 % d'exploitants agricoles franc-comtois ont un degré élevé de désespoir
Dans une région où 75 % des exploitations détiennent des vaches laitières, l'étude avance une autre donnée inquiétante : les producteurs de lait (hors lait à comté) figurent en 3ème position des professions les plus exposées au burn-out.
Les causes du mal-être
Trois facteurs principaux sont liés au risque de suicide :
- charge de travail et manque de temps ;
- inquiétudes financières ;
- incertitudes face aux marchés financiers et à l'avenir.
Même si moins d'un exploitant sollicité sur cinq a répondu à l'étude, celle-ci s'appuie sur un échantillon suffisamment large, dans une région où l'agriculture est très importante : c'est l'un des premiers employeurs de Franche-Comté (3,6 % de la part de l'emploi).