Les marges réalisées sur les fruits et légumes bio par la grande distribution peuvent être jusqu’à près de trois fois plus élevées que sur celles des fruits et légumes conventionnels. C’est l’un des résultats de l’enquête que dévoile aujourd’hui UFC-Que Choisir.
Si en 2003, 46% des consommateurs français déclaraient ne jamais consommer de produits bio, en 2016, la tendance s’est totalement inversée, 89% disaient en avoir consommé au moins une fois dans l’année, 69% au moins une fois par mois. En 10 ans, le marché du bio s’est fortement développé, de l’ordre de 10 % par an, avec une nette accélération en 2016 (+21%).
L’engouement du consommateur pour les produits issus de l’agriculture biologique n’est donc plus à prouver. Sensibles aux bénéfices environnementaux et sanitaires, 73 % d’entre eux demandent pourtant à ce que ceux-ci soient plus présents dans les rayons des grandes et moyennes surfaces (Baromètre 2012 de consommation et de perception des produits biologique en France – Agence Bio), 77 % persistent à dire que le premier frein au développement du bio étant le prix (Baromètre consommation Agence Bio / CSA Research janvier 2017).
La grande distribution : premier acteur du bio devant les magasins spécialisés
La grande distribution l’a bien compris elle qui depuis 2016 est devenu leader dans la distribution de produits bio. Avec une part de marché de 42% (en progression de 4 points en un an), elle devance désormais les magasins spécialisés (35% en 2016 contre 41% en 2015), les autres modes de distribution (marché, vente directe, AMAP) représentant 23 % des ventes (21% en 2015).
Mais dans le même temps, l’UFC-Que Choisir constate que les promesses de certaines enseignes, leur communication en terme de prix et de disponibilité de produits bio ne sont pas toujours tenues.
Fruits et légumes bio : l’enquête de UFC-Que Choisir
S’agissant des prix, l’association de consommateurs a suivi l’évolution du coût d’un panier de 24 fruits et légumes représentant 88 % de la consommation globale de fruits et légumes en France, depuis leur expédition, jusqu’à leur mise en rayon. Pour cela, elle s’est appuyée sur des relevés réalisés chaque semaine par le RNM (Réseau des Nouvelles des Marchés sous tutelle du Ministère de l’Agriculture) dans les rayons fruits et légumes de 150 grandes et moyennes surfaces réparties partout en France.
Jusqu’à 191 % de marge brute !
Dans cette étude, il apparaît que la marge brute que réalise la grande distribution (différence entre le prix de vente en rayon et le prix auquel le magasin a acheté le produit) est quasiment deux fois plus élevée pour un panier bio que pour un panier conventionnel (+ 96 % en moyenne). Le record revenant au poireau avec une surmarge de 191 % ! (1,07 €/kg pour le poireau conventionnel, 3,13 €/kg pour le bio). Un écart qui ne peut s’expliquer par le fait que le poireau est un produit plus périssable et plus sensible que les autres fruits et légumes, argument souvent mis en avant pour expliquer les différences de marges entre différents fruits et légumes.
Une politique triplement perdante
Sans aller jusqu’à demander à la grande distribution d’appliquer aux produits bio la même marge qu’aux produits conventionnels, UFC-Que Choisir estime qu’une réduction permettrait de sortir d’une politique qu’elle juge "triplement perdante : pour les consommateurs empêchés de profiter des bénéfices du bio, pour les agriculteurs de bio privés d’une augmentation de leurs productions, et même pour la grande distribution qui se prive de ventes potentielles sur un marché porteur !"