Lutte contre les plantes invasives : à Rennes, la faucardeuse est de retour

Comme il y a deux ans, comme l’été dernier, cet étrange bateau "tondeur-moissonneur" traverse la ville pour faucher les plantes aquatiques qui ont envahi la Vilaine. Un phénomène qui n'est pas prêt de disparaître.
 

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Egérie dense, elodée, jussie, hydrocotile… elles ont des noms somme toute assez poétiques. Pourtant, ces plantes aquatiques invasives sèment la pagaille partout où elles passent. Du côté de la plaine de Baud, par exemple. Là-bas, à l’Est de Rennes, la Vilaine est large et le terrain de jeu est idéal pour les sports de rame et de pagaie. C’est d’ailleurs là que sont implantés les clubs sportifs d’aviron, de canoë et même le pôle France espoir de kayak.

Mais avec l’arrivée de l’élodée, inéluctable maintenant dès qu’il commence à faire chaud, il devient compliqué de s’entraîner ou même tout simplement de naviguer par plaisir. "On ne peut pas vraiment s'entraîner, il y a beaucoup trop d'algues. En plus c'est dangereux parce que si on se retourne, on peut se retrouver empêtrer dans les plantes et avoir du mal à sortir" se lamente-t-on du côté des kayakistes.
 

Alors que la menace d'obstruer la vilaine par les plantes aquatiques "indésirables", était en sommeil en début d'été, la...

Publiée par Pôle France Canoë-Kayak de Cesson-Sévigné sur Lundi 3 août 2020


Pendant dix jours, début août, Rennes métropole a donc fait appel à une faucardeuse pour nettoyer la Vilaine, sur 1,8 km de long et 7,2 hectares de surface. En tout, 500 mètres cube d’égérie dense ont été retirés. Coût de l’opération pour Rennes métropole : plus de 35.000 euros. "Mais il n’y a pas d’autre solution, confie Sophie Gribius chargée d’étude à la gestion des milieux aquatiques pour Rennes métropole. Ces plantes aiment la chaleur et la lumière. Pour s’en débarrasser, on a pensé par exemple à draguer les fonds de la rivière pour lui donner plus de profondeur, mais ça coûterait beaucoup trop cher et pourrait provoqur des conséquences sur l’écosystème."

Sans effet sur la biodiversité

L’écosystème justement. Souffre-t-il de cette invasion d’égérie dense ? Pas du tout. Les pêcheurs que l’on a rencontrés sont même contents. "Plus de plantes, c’est plus de poissons. Il y a plein de petits brochets".
L’égerie dense, comme l’éludée que l'on retrouve dans d’autres cours d’eau, ont même tendance à diminuer le phénomène de cyanobactéries que l’on rencontrait en ville dès que les températures grimpaient.

Le tourisme pas trop touché


De l’autre côté du centre-ville, à l’Ouest, quai Saint-Cyr, la Vilaine présente le même aspect : très peu de profondeur et, à la surface, des plantes qui permettent presque à certains oiseaux ou poules d’eau de marcher sur l’eau.
 


A l’Embarcadère, où les touristes peuvent louer un canoë, un paddle et surtout de petits bateaux électriques, Mathilde prévient ses clients avant qu’ils ne partent naviguer. "Attention, il y a des sortes d’algues et l’hélice peut se bloquer dedans. Dans ces cas-là, il faut juste passer la marche arrière pour vous dégager, il n’y a pas de problème".

Ces petits avertissements mis à part, la présence de ces plantes invasives n’a pas vraiment d’incidence sur l’activité de l’Embarcadère. "Il y a du monde, ça ne gêne pas nos visiteurs. Ils posent parfois la question, on leur dit de rester le plus possible au milieu, de ne pas viser les bords. Finalement, la petite différence, c’est que nos bateaux électriques consomment plus, car ils doivent faire plus de manœuvres !".
 
 

Faucarder, une opération coûteuse


Depuis ce mardi, la faucardeuse a commencé à « faucher », entre l’écluse du Moulin des comptes et le quai Saint-Cyr.  Cette fois, c’est à la demande du Conseil régional, qui gère cette partie de la Vilaine. "Nous avons un budget de 800.000 euros par an pour faire face à ce problème de plantes aquatiques invasives, informe Eléonore Danan, cheffe de subdivision Vilaine-Canal-d'Ille-et-Rance au Conseil régional. Et 300000 euros sont dédiés au faucardage".
La somme peut paraître énorme mais ces plantes sont partout sur les voies navigables de la région. Notamment dans le Blavet, entre Lorient et Pontivy, sur le canal d’Ille-et-Rance à hauteur d’Evran, sur la Vilaine vers Pont-Réan.

Seul le faucardage permet de rétablir la navigabilité avec cependant une efficacité limitée dans le temps puisque l’opération consiste à faucher la plante sans l’empêcher de croître à nouveau. Et chaque faucardage libère autant de boutures participant à la dissémination de la plante !"

Eléonore Danan, service des voies navigables au conseil régional



Et à part faucher, "il n’y a pour l’instant pas d’autre solution, confime Eléonore Danan. Seul le faucardage permet de rétablir la navigabilité avec cependant une efficacité limitée dans le temps puisque l’opération consiste à faucher la plante sans l’empêcher de croître à nouveau. Et chaque faucardage libère autant de boutures participant à la dissémination de la plante !"
"Il y a des fantasmes ou des rumeurs, certaines études parlent d’un produit miracle, mais il s’agit d’un produit chimique dont on ne connaît pas bien les effets et qu’il est impensable d’utiliser aujourd’hui".

En attendant, pour réduire les coûts, le Conseil régional et Rennes métropole pourraient se rapprocher pour acheter une faucardeuse, plutôt que faire appel à une société extérieure.


Des plantes fauchées qui partent au compost !


Les plantes fauchées sont déposées sur un lieu de stockage, où elles s’assèchent. Contrairement aux algues vertes, il n’y pas de décomposition, aucun gaz toxique qui ne s’échappe. Les plantes "asséchées" sont ensuite broyées et utilisées en compostage.


Une plante invasive introduite par l'homme 


Si elles sont particulièrement présentes à Rennes depuis l’été 2018, les premiers signalements ont été apportés par les kayakistes en 2010. "A l’origine, c’est l’homme qui a introduit l’égérie dense dans la Vilaine. C’est une plante qu’on utilise beaucoup pour les aquariums. Lorsqu’on veut se débarasser de ses poissons, on vide son aquarium dans la rivière". Et voilà le résultat.

Rappelons quand  même, comme le note l’association « Eaux et rivières » sur son site, qu’il est interdit de jeter à l’eau quelque végétal que ce soit.
 


Devant l'inquiétude, un guide hebdomadaire du voyage fluvial


De son côté, le Conseil régional a décidé de communiquer sur les travaux en cours. En effet, le service des voies navigables croule sous les mails parfois agressifs de personnes qui n’ont pas pu naviguer comme ils le voulaient en raison du phénomène des plantes invasives.
Un communiqué hebdomadaire est donc publié. Il renseigne sur le niveau de gêne qui peut être occasionné et les échéances des travaux programmés.



 
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