Dans certaines régions, des groupes citoyens se forment pour alerter les consommateurs sur l'achat de nouvelles bouteilles de lait vendues en supermarché. Elles sont fabriquées en PET opaque, un matériau non recyclable. Dans le Loiret, une laiterie utilise ce matériau et défend son utilisation.
Halte aux bouteilles de lait non recyclables : l'ONG Zero Waste France (Zéro déchet) tire la sonnette d'alarme et invite les consommateurs à signer une pétition en ligne appelant à l'arrêt de l'utilisation du PET opaque, un matériau non-recyclable à l'heure actuelle.
De plus en plus d'industriels utilisent ce matériau, autrefois minoritaire. Selon les informations recueillies par l'ONG, les bouteilles en PET opaque présentent plusieurs avantages pour les industriels. Elles sont plus légères (de 15 à 20%), plus brillantes (donc plus visibles du consommateur en rayon) et moins coûteuses (de 20 à 30%).
L'ONG met en garde : ces nouvelles bouteilles "finissent en décharge ou en incinérateur".
Zero Waste France, qui milite pour la réduction et une gestion plus durable des déchets, estime que toute la filière de recyclage en France se retrouve menacée.
"La présence de bouteilles en PET opaque perturbe le recyclage des autres types de bouteilles car les centres de tri n’ont pas été conçus pour les identifier et les séparer du reste", explique l'ONG dans sa pétition en ligne. "En prenant la décision de manière unilatérale de changer de matériau, sans se préoccuper des conséquences tant environnementales qu’économiques, les industriels de la filière laitière ont pris en otage tous les acteurs du recyclage des (autres) bouteilles : les recycleurs, les opérateurs des centres de tri, les collectivités…"
L'ONG estime qu'à terme, il faudra très probablement "ajouter une étape de tri supplémentaire" et, ce seront "les usagers qui en paieront la facture au travers de notre taxe sur l’enlèvement des ordures ménagères".
L'opacifiant contenu dans le plasique rend le recyclage difficile. La part des bouteilles en PET opaque dans la masse de plastique à recycler ne doit pas dépasser les 15% pour se fondre dans la masse des plastiques recyclables. Par endroits, ce seuil est dépassé.
Dans le Loiret, une laiterie (LSDH) utilise ce matériau depuis des années. Son PDG défend son utilisation.
"Dans notre cas, on est devant une obligation technologique, estime Emmanuel Vasseneix, PDG de LSDH. Il est règlementairement, pour nous, obligatoire d'opacifier l'emballage pour la conservation du produit lait. Il y a aujourd'hui d'autres produits, dans le PET opaque, qui ne nécissite pas forcément d'être opaque. C'est un emballage qui consomme moins de plastique (...), qui ne consomme pas d'eau sur les machines de conditionnement, qui a divisé par dix la quantité de désinfectants nécessaire à rendre asceptique l'emballage".
Pour l'instant, des actions à Paris, Nantes, Rouen ou Poitiers ont eu lieu. Au 1er février, la pétition a recueilli 14.800 signatures.
L'Oeil du 20h: 13/12/2016