Au milieu des terres agricoles de Champagne, l'aéroport de Paris-Vatry, en déficit chronique, maintient ses ambitions dans le fret et le low cost, relancé par les collectivités.
"Nous avons un aéroport clé-en-main à deux heures de Paris, sur un marché qui explose et continue à progresser : comment peut-on laisser mourir un aéroport comme celui-là ?", s'interroge Stéphane Lafay, directeur général de Vatry depuis décembre 2014, dans son bureau avec vue sur le tarmac. Son raisonnement a convaincu le conseil départemental de reprendre en juillet, en régie directe, la gouvernance de ce site qui accueille trois compagnies low cost desservant par vols réguliers dix destinations telles que Porto, Marrakech, Nice et Malaga. "Vatry est un outil de développement économique, d'emplois et d'attractivité du territoire", défend René-Paul Savary, président (LR) du conseil départemental de la Marne.
Le fret bat de l'aile
L'aéroport, implanté à 30 km de Châlons-en-Champagne, compte sur les vols passagers, démarrés en septembre 2004, pour se relancer : les chiffres du premier semestre 2016 sont encourageants avec 56.000 passagers entre janvier et juin, contre 84.000 au total en 2015. L'augmentation du trafic dépendra aussi de la desserte des transports en commun, le site bordant l'A26, et de l'attractivité touristique de la Champagne, car "l'aéroport ne peut pas marcher tout seul dans son coin", estime M. Lafay.
René-Paul Savary reste en tout cas persuadé que Vatry est "une infrastructure en avance sur son temps" qui justifie que les 68 salariés et les centaines d'emplois indirects soient préservés, même s'il est "difficile d'équilibrer les comptes de ce type d'aéroport régional comme c'est le cas pour Metz ou Strasbourg". Pour réduire son déficit, l'aéroport cherche également à capter de nouvelles compagnies aériennes, se diversifie en accueillant des vols d'entraînements et d'essai, a ouvert un restaurant bar, mais prévoit aussi de modifier les conditions de stationnement de son parking gratuit, instaurant 200 places payantes dès 2017.
Le département se donne cinq ans pour prouver que l'aéroport de Vatry, dont la création a coûté 250 millions d'euros au contribuable, présente "une utilité économique".